Benoit Duverneuil, le drone-explorer !
« C’est qui ce Benoit Duverneuil, mon fils est complètement fan, il suit sur Facebook ses aventures à travers le monde, mais je n’ai pas très bien compris ce qu’il faisait. C’est une sorte d’Indiana Jones ? » Voici ce qu’une directrice d’école nous demandait le mois dernier. “Insaisissable” il l’est sûrement, c’est un homme pressé, mais aussi un personnage passionné qui s’investit dans de nombreux projets et dans des domaines toujours très intéressants, liés aux nouvelles technologies… Nous commencerons cette fois-ci par de l’actualité, liée en l’occurrence aux drones développés par Benoît.
Benoit Duverneuil est un chef d’entreprise de Floride spécialisé dans l’analyse web (web analytics) pour des sociétés de très grandes tailles. Il trouve néanmoins le temps de s’investir dans d’autres projets professionnels qui font aussi la part belle aux technologies. Depuis quelques années, avec la démocratisation des drones (que l’on appelle aussi UAV aux Etats-Unis (Unnamed Autonomous Vehicles)), de nombreuses applications ont vu le jour. Benoit Duverneuil, gravitant incessamment dans les startups… (mais aussi passionné d’Histoire et d’archéologie) a tout de suite compris le potentiel de ces technologies, et à mis en oeuvre les premières expérimentations, notamment en Amérique du Sud, pour faciliter le travail de recherche et d’étude des archéologues grâce aux drones. Ils permettent de gagner énormément de temps et sont autant utiles à l’exploration (afin de trouver de nouveaux sites) qu’à l’étude d’endroits déjà découverts, notamment grâce à la cartographie et la photographie d’une grande précision que permettent les drones, avant, pendant et après les périodes de fouilles.
Afin de faire progresser la recherche, Benoit Duverneuil n’hésite pas à innover, et c’est donc avec des drones aériens fabriqués sur mesure qu’il effectue des recherches au Pérou et en Equateur sur la piste des Incas et d’autres civilisations. Ces machines étanches et dotées de moteurs surpuissants sont capables de résister aux vents et aux fortes pluies des Andes. En février dernier, il a été invité par un groupe d’archéologues internationaux afin de les former sur place, en Equateur, à l’utilisation de ces machines volantes. Dans ce cadre, il a également expérimenté l’utilisation de robots sous-marins qu’il a plongé à l’intérieur d’un lac, au sommet d’un volcan situé à près de 4000 mètres d’altitude. Des légendes expliquent que les habitants de la zone utilisaient ce lieu pour des offrandes. Les locaux prétendent que ce lac – quasiment inexploré en raison de son environnement – n’a pas de fond. Et pourtant c’est à 250 mètres de profondeur que le drone a exploré les profondeurs du volcan. Les recherches se poursuivront d’autant plus que la tradition orale indique que ce lieu est lié aux dernières semaines qui précédèrent la capture par les conquistadors du général inca Ruminahui, le détenteur des secrets de l’empire….
Les cités d’or
L’été prochain, Benoit Duverneuil participera d’ailleurs à une nouvelle expédition consacrée à la recherche de Paititi, une cité inca majeure en amazonie-péruvienne. Là aussi, les images aériennes sont importantes pour retrouver cette cité perdue qui pourraît être le chaînon manquant entre d’autres cités déja découvertes par le Francais Thierry Jamin. Depuis 1998, c’est Airbus-Defense qui leur fournit des images satellites, et deux lacs jumeaux vont être fouillés à cet endroit grâce aux drones aquatiques de Benoît. Il s’agit d’un enjeu majeur, car de nombreux chasseurs (ou pilleurs) de trésors tentent aussi d’atteindre ce même but.
L’exploration sous-marine OpenSource
Retour en Floride : Depuis son lancement en 2012 via une plateforme de financement participatif, Benoit Duverneuil est très impliqué dans le concept d’OpenROV. « Open » pour Open Source car le code informatique, le design et toutes les instructions d’assemblage sont disponibles et libres de droits ; et « ROV » pour « Remotely Operated Vehicle » : un véhicule d’exploration que n’importe qui peut ainsi contribuer à modifier ou améliorer. Ce robot sous-marin est piloté depuis la surface grâce à un ordinateur et un simple joystick comme dans un jeu vidéo. Le robot est équipé d’une caméra haute-définition et le signal vidéo est envoyé via un câble étanche vers un ordinateur en surface, ce qui permet de facilement contrôler la direction de la machine. Fabriqué avec du matériel « low cost », il est révolutionnaire car il coûte 1000 fois moins cher que les ROVs utilisés par James Cameron pour explorer le Titanic. Il est capable d’atteindre 100 mètres de profondeur et possède une autonomie de plus de 2 heures.
Les fonds sous-marins de Floride regorgent d’épaves de toutes époques (aussi bien de la période coloniale espagnole que de la seconde guerre mondiale), et avec l’aide de communautés locales et d’un groupe de recherche de San Francisco, Benoit Duverneuil a modifié l’un de ses robots sous-marins afin de pouvoir recréer les sites en 3 dimensions et en haute-définition, afin d’explorer les fonds sans endommager l’écosystème, et en particulier les bancs de corail de Floride qui ont beaucoup souffert de l’activité humaine dans les précédentes décennies. Justement, Benoît travaille actuellement aussi sur des machines permettant de les surveiller en temps réel.
The Palm Beach Dolphin Project
Le Palm Beach Dolphin Project (PBDP) est le principal programme de la Fondation Océanographique Taras, basée à Jupiter FL. Ce projet permet le recensement et l’étude de la population de dauphins identifiés dans la zone côtiere de Palm Beach, entre Jupiter et Boynton. « La place de ces mammifères dans l’écosystème marin est extrêmement important », explique Benoît. « Ce sont des prédateurs et comme les humains ils sont en haut de la chaine alimentaire et il permettent de maintenir un certain équilibre dans leur milieu. Les dauphins sont aussi les « canaris » des océans et nous alertent des effets de la pollution ou nous indiquent des habitats marins en danger. Ils sont vitaux pour le « management » de nos ressources aquatiques. » Le recensement et l’étude de ces quelques 300 dauphins n’est pas une tâche facile, et pour cela, le Dr. Barbara Brunnick et le Dr. Stefan Harzen collaborent avec Benoit Duverneuil et son équipe de techniciens : à l’aide de drone aériens, flottants, ou sous-marins, de nouvelles données deviennent disponibles pour les deux chercheurs, notamment sur les relations entre dauphins, pour que les scientifiques puissent mieux comprendre l’influence des facteurs extérieurs sur l’organisation sociale de cette population.
A partir du mois d’Avril 2015, Benoit Duverneuil enseignera les « technologies drones » aux étudiants de l’Exploration Science Program, proposé par la Rosenstiel School of Marine and Atmospheric Science (RSMAS) de l’Université de Miami. Il dispensera un enseignement à la fois théorique et pratique permettant aux étudiants de gérer pleinement des missions d’exploration ou d’étude à l’aide de machines autonomes aériennes, terrestres et sous-marines.
– Le site de Benoit Duverneuil: http://www.benoitduverneuil.com/
– Les chercheurs de Paititi : http://www.granpaititi.com/
– Groupe de recherche A.D.A.P : http://dronearchaeology.com/
– The Palm Beach Dolphin Project: https://taras.org/
– Exploration Science Program at UM: http://www.as.miami.edu/exploration/
Un commentaire