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Trump fait le show, mais n’arrive pas à convaincre durant le premier débat républicain

Le premier débat de la campagne se déroulait jeudi 6 août. Aucun candidat ne s’est spécialement détaché du lot, et Donald Trump a perdu des points. Voici un état des enjeux au Parti Républicain suivi d’un résumé de ce débat qui fut parfois haut en couleur !

Donald Trump (photo : Michael Vadon - cc-by-sa-2.0)
Donald Trump (photo : Michael Vadon – cc-by-sa-2.0)

Le premier débat des Primaires est toujours un moment très prisé des Américains et de leur vie démocratique. Ce premier débat était celui du Parti Républicain, et il était très attendu, les électeurs se demandant qui va bien pouvoir affronter l’ancienne première dame des Etats-Unis, Hillary Clinton n’ayant pour le moment que peu de soucis à se faire pour sa propre primaire démocrate : elle très loin en tête des sondages (mais un candidat surprise n’est toujours pas à exclure).

C’est la chaîne conservatrice Fox News qui avait l’exclusivité de ce premier débat (en partenariat avec Facebook), et il devait aider les Américains à se déterminer au milieu des 17 candidats du parti.

L’ETAT DES LIEUX AVANT LE DEBAT

Avant ce débat, les candidats du Parti Républicain avaient tous débuté une campagne électorale assez similaire à leurs prédécesseurs aux élections présidentielles ; sur des valeurs libérales opposées à l’administration Obama et à ses réformes sociales. Le reaganisme a apporté un succès électoral non seulement à Ronald Reagan mais aussi aux deux présidents George Bush (père et fils). Néanmoins, les deux derniers candidats Républicains à la Présidentielle (McCain et Romney) n’avaient pas réussi à séduire une majorité de l’électorat sur de telles bases idéologiques. En 2015, quatre ans après Romney, les discours de ces 17 candidats à la primaire républicaine de 2016 sont donc assez classiques et dans la lignée de l’héritage du parti, mais ils courent en même temps le risque de ne pas contenir de messages assez forts pour séduire et réveiller leurs électeurs.

Depuis une dizaine de mois, les sondages donnaient « les 17 » assez serrés, avec Jeb Bush en tête, jusqu’à ce que le milliardaire Donald Trump ne débute une campagne emprunte de provocations populistes et hostiles à l’immigration. Son « dérapage » sur les Mexicains venait aussi rompre avec un début de campagne très latino du côté de certains candidats comme Jeb Bush, Marco Rubio ou Ted Cruz, ayant tous des liens familiaux avec l’Amérique Latine. De son côté, Hillary Clinton avait également convoité les minorités dans son premier clip de campagne (de manière décriée comme très caricaturale). Car, il faut bien le dire, avant les incartades de Donald Trump, ce sont les communicants qui faisaient la campagne, protégeant au maximum leurs candidats, et provoquant ainsi des discours très lisses et insipides. Le Grand Old Party (GOP : surnom du Parti Républicain) ne s’étant pas vraiment renouvelé, et la nature ayant horreur du vide, Donald Trump avec quelques provocations s’est hissé à plus de 20% dans les sondages depuis le début de l’été. Avec 80% d’adversaires très hostiles dans son propre camp (sans parler des Démocrates qui le détestent), son effondrement rapide était prévu par la quasi totalité des observateurs, et il était pronostiqué qu’il soit le grand perdant de ce premier débat.

L’IMPORTANCE DES MINORITES
Comme évoquée précédemment, la question des minorités est donc devenue fondamentale dans l’Amérique d’aujourd’hui. Au printemps dernier, les minorités sont mêmes devenues une majorité démographique : elles sont désormais plus nombreuses que les citoyens « caucasians » (Blancs). Elles ne sont pas encore majoritaires chez les américains adultes (et électeurs), mais leur importance ne date de toute façon pas d’hier : les minorités ayant favorisé l’élection de Barack Obama durant les deux précédentes Présidentielles. Obtenir leur confiance est donc aujourd’hui fondamental pour tous les candidats (sauf Donald Trump), qui posent pour le moment cet enjeu uniquement en termes stratégiques, et en mettant leurs liens familiaux en avant. La question fondamentale pourrait néanmoins résider ailleurs ; par exemple en tentant de savoir si les Etats-Unis ont changé ou non avec ces nouvelles arrivées migratoires massives. Les latinos se sont-ils intégrés au rêve américain et aux valeurs de liberté absolue des marchés ? Ou bien sont-ils toujours dans une demande d’intervention sociale de l’Etat, classique pour des vagues migratoires défavorisées. La défaite des deux derniers candidats Républicains à la Maison-Blanche pourrait bien se reproduire en 2016 si le discours républicain n’était, de nature, plus adapté à la sociologie américaine. Mais ce ne sera pas le seul facteur qui jouera durant l’élection : les prestations de la candidate Clinton devront être plus convaincants qu’il y a 8 ans, quand elle avait perdu sa Primaire contre un jeune sénateur presqu’inconnu : Barack Obama.

Le début de campagne n’était donc pas très entraînant chez les Républicains, mais tout de même loin des caricatures données par la presse européenne, ici ou ici. La politique étrangère, et en premier plan les négociations de Barack Obama avec des puissances considérées par beaucoup de Républicains comme des « ennemis de l’Amérique » (Iran, Cuba…) sont tout de même au cœur d’une campagne qui n’avait pas (ou pas encore) touché le fond.

Au niveau stratégique, il était donc surtout attendu avant ce premier débat que Donald Trump se discrédite tout seul, et laisse ensuite la place aux « candidats sérieux » qui attendent patiemment que la tempête passe. Si Trump devait se retirer, il aurait de toute façon réalisé une très bonne opération en négociant ses voix avec le (peut-être) futur président des Etats-Unis, ce qui n’est pas en soi mauvais pour un homme d’affaire ! Et comme le plaisantait un électeur républicain : « après avoir été candidat à la présidentielle, il ne reste plus à Trump qu’à lancer sa propre religion ! ». En attendant, le milliardaire est arrivé pour le débat à Cleveland à bord d’un Boeing 757 avec son nom en énorme sur le fuselage… l’ambiance était donnée !

DEBAT : TRUMP PERD EN CREDIBILITE MAIS PAS EN POPULARITE
Avec un nombre record de 17 candidats briguant l’investiture républicaine, Fox News a dû programmer deux débats ce 6 août : un « grand » avec les 10 candidats dominant les sondages, précédé quatre heures auparavant d’un autre débat avec les 7 candidats arrivés pour leur part au dernier rang des enquêtes d’opinions.

Le débat s’est inscrit dans la continuité de la campagne : aucun des principaux candidats n’ayant réussi à surpasser les autres. Jeb Bush a fait une prestation posée, élégante et cordiale, à défaut d’être brillante, au même rang que Scott Walker, Mike Hukabee, Chris Christie, Ted Cruz, ou même le sénateur de Floride Marco Rubio qui a réalisé une bonne performance malgré son jeune âge. Le sénateur libertarien du Texas, Rand Paul, a comme prévu détonné dans le panel, s’en prenant à la surveillance des conversations des citoyens américains par l’agence NSA, ne la jugeant pas nécessaire à la lutte anti-terroriste (vidéo ci-dessous). « Je suis un républicain différent. Je me suis battu pendant 10 heures au Sénat pour défendre vos libertés. ». Il a par ailleurs rappelé qu’il a été le seul politicien américain à décrier « la distribution d’armes et d’argent aux alliés de l’Etat Islamique ».

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=OKkJ-K8qPXo&w=610&h=425]

La politique internationale a été très présente durant le débat, Obama étant ainsi accusé de systématiquement choisir le mauvais camp, et « d’abandonner ses alliés », en particulier Israël. Au niveau sociétal, le rejet de l’avortement a fait l’unanimité chez les 10 candidats.
Quant à Donald Trump, il a comme prévu fait le show, avec des piques régulières distribuées à ses adversaires républicains comme aux journalistes, défendant ses positions comme une forteresse. «Il a été nul sur toutes les questions essentielles », assurait un électeur du panel invité sur Fox News. « Il était méchant, en colère », commentait un autre, et l’opinion du panel semblait avoir été un peu remuée par sa prestation. Trump était virulent ; il détonnait au milieu des autres – ce qui va nuire à son image – mais il n’a néanmoins pas commis de dérapage supplémentaire et devrait encore conserver une bonne partie de ses électeurs potentiels. Il a toutefois rappelé qu’il comptait – s’il était élu – construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique, « avec une grande et jolie porte », et a lancé des saillies du genre : « Notre pays est en danger. On ne gagne plus. On n’arrive pas à battre la Chine sur le commerce, les Japonais sur les voitures ou le Mexique sur l’immigration. » Trump a également été questionné sur les noms d’oiseaux qu’il attribue à certaines femmes qui ont traversé sa vie… Une question qui n’a pas vraiment élevé le débat, mais qui n’aura pas épargné le candidat vis à vis de l’électorat féminin. Il a répondu que le plus grand problème des Etats-Unis était « le politiquement correct » (voir l’extrait atterrant ci-dessous).

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=IOqtra7j6UM&w=610&h=425]

L’AUTRE DEBAT
La grand surprise de ce « petit » débat, avec les 7 autres candidats, c’est la percée de Carly Fiorina, ex-présidente du groupe Hewlett-Packard, qui a non-seulement séduit les observateurs, mais aussi les téléspectateurs qui étaient 83% (sondage Fox News) à penser qu’elle avait gagné le débat grace à la précision de ses réponses. Stagnant auparavant à 1% dans les sondages, et privée de surface médiatique de premier plan par les mastodontes masculins du parti, Carly Fiorina (seule femme candidate pour la primaire républicaine) pourrait bien recoller au peloton de tête et intégrer rapidement le groupe des 10 de tête. Le reste du débat a été également été assez plat, et les 6 autres candidats ont surtout fait siffler les oreilles de Donald Trump, vivement critiqué à l’unanimité.

Le prochain débat aura lieu le 16 septembre sur CNN.

LA LISTE DES PRINCIPAUX CANDIDATS A LA MAISON BLANCHE

Galaxy Title, agents de titre en Floride

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