Super Tuesday : Clinton et Trump sont quasiment qualifiés pour la Présidentielle
Les larges victoires d’Hillary Clinton chez les Démocrates et de Donald Trump pour les Républicains lors du « super tuesday », les place dans une position dont il sera difficile de les détrôner : ils sont quasiment qualifiés pour représenter leurs partis respectifs lors de l’élection présidentielle de novembre.
Mardi 1er mars se déroulait le « Super Tuesday ». Alors que les primaires se sont jusque-là déroulées dans quatre Etats, les uns après les autres, cette fois-ci une dizaine d’Etats votaient en une seule journée pour les deux partis. Traditionnellement, il est possible de savoir ce jour-là qui seront les deux candidats à la Présidentielle. Pas obligatoirement de manière formelle, mais en tout cas il est difficile, voir impossible, aux partis de changer la tendance après ce super-mardi.
Pour les Républicains, ce « Super Tuesday » permettait aux candidats de gagner 661 délégués (sur les 1237 nécessaires à gagner l’investiture). La victoire de Donald Trump en Géorgie, bien qu’annoncée par les sondages, était la première surprise de la soirée, car le milliardaire new-yorkais était annoncé avec 50% des voix en sa faveur ! « The Donald » est également gagnant dans les autres premiers Etats dont les résultats ont été annoncés : le Vermont, l’Alabama, le Tennessee, le Massachusetts et la Virginie. Derrière lui, Ted Cruz arriverait second dans les Etats du sud où se trouvent de fortes populations chrétiennes évangéliques, et Marco Rubio ravirait la 2ème place dans les autres Etats.
M.AJ (à 23h) : Marco Rubio est donné gagnant dans le Minnesota avec 37% des voix, devant Ted Cruz (28%) et Donald Trump n’arriverait dans cet Etat qu’en 3ème position (21%). C’est le premier Etat gagné par le sénateur Rubio depuis le début des primaires.
M. Rubio serait ainsi toujours le challenger officiel (mais fragilisé par Ted Cruz), et cette place serait arrivée trop tard durant la campagne pour inquiéter Donald Trump. Dans le cours de la soirée, devant ses partisans rassemblés à Miami, M. Rubio a annoncé qu’il continuait sa campagne, et qualifié Donald Trump de « con artist », c’est à dire « d’escroc ».
Texas et Oklahoma pour Cruz : Ted Cruz gagnerait l’Etat dont il est sénateur, le Texas, avec 39% des voix, devant Donald Trump à 28%, mais aussi l’Oklahoma (selon Associated Press) : les deux seuls Etats de la soirée qui ne tombent pas pour le moment dans l’escarcelle de Donald Trump.
Chez les Démocrates, c’étaient 865 délégués qui étaient en jeu aujourd’hui (sur 2383 nécessaires pour gagner l’investiture). Bernie Sanders réalise de nouveau de bon scores, remportant par exemple l’Etat du Vermont (dont il est sénateur) mais il est largement perdant dans les Etats du sud comptant de fortes communautés afro-américaines, ces dernières se mobilisant à plus de 80% pour Hillary Clinton, ce qui donnait en début de soirée une victoire d’Hillary Clinton avec près de 70% des voix en Virginie et en Géorgie, et une victoire en Alabama.
M.A.J (à 23h) : Bernie Sanders remporterait 4 des 12 primaires du Super Tuesday Démocrate : Oklahoma (52%), son Etat du Vermont (86%), mais aussi le Colorado et le Minnesota lui seraient acquis avec plus de 55% des voix. Le résultat ne serait ainsi pas totalement catastrophique pour lui, puisqu’il ne comptait de toute façon pas gagner les Etats du sud.
Nous mettrons à jour les résultats sur cette page au fur et à mesure de la soirée.
LES CONSEQUENCES POLITIQUES DE LA PRIMAIRE
La victoire d’Hillary Clinton au Super Tuesday n’aura que peu de conséquences. Celle de Donald Trump, en revanche, en aura deux. D’une part l’ex-maire de New-York Michael Bloomberg a déclaré qu’il serait candidat indépendant si Trump gagnait la primaire républicaine. Or Bloomberg étant beaucoup plus riche que Trump, il n’aura aucun mal à financer sa propre campagne, et elle devrait prendre suffisamment de voix aux Républicains dans les grandes villes du nord-est pour faire perdre Donald Trump face à Hillary Clinton.
Deuxième conséquence : le GOP (Grand Old Party (Parti Républicain)) est désormais confronté à cette nouvelle réalité : son candidat officiel va être Donald Trump. Or l’écrasante majorité des élus déteste Trump et, pire pour eux, le milliardaire a franchi la ligne rouge idéologique sur un certain nombre de sujets avec lesquels les Républicains ne peuvent pas déroger, comme par exemple le soutien inconditionnel à Israël. En conséquence, soit Trump arrive à rassurer les Républicains et à les rallier à sa candidature (comme il l’a fait avec le gouverneur du New Jersey, Chris Christie), soit le GOP se dirige tout droit vers l’explosion, avec diverses options possibles : d’autres candidatures sauvages (en plus de Bloomberg), une exclusion de Donald Trump (qui serait alors candidat indépendant), un putsch de dernière minute lors du congrès de juin afin de choisir in extremis à la place de Trump un candidat qui plaise au parti, à ses Représentants, sénateurs, gouverneurs, et maire de grandes villes. C’est une possibilité, mais qui ne serait guère démocratique.
Le 28 février, le président de la Chambre, Paul Ryan, a prévenu lors d’une conférence de presse que le GOP ne supporterait pas un candidat ambigu avec les discours de haine. Cette déclaration visait Donald Trump qui n’a pas condamné le mouvement raciste Klu Klux Klan lorsque la question lui a été posée (la veille). Le Parti met donc la pression sur M. Trump, et un « divorce » n’est pas à exclure.
LA CLASSE POLITIQUE BOUSCULEE
Le problème du Parti Républicain, c’est que ses candidats officiels ont été rejetés à cause de leur ligne politique reaganienne (« libérale » comme on dit en France) qui n’a pas du tout mobilisé l’électorat.
Quoi qu’il arrive dans les prochaines semaines, les scores de Donald Trump, mais aussi de Bernie Sanders marquent une montée de la protestation des Américains contre les valeurs qui faisaient autrefois l’unanimité, celle du libre-échange avec une intervention de l’Etat extrêmement limitée (valeurs autrefois partagées aussi bien chez les Démocrates que les Républicains). Un certain nationalisme économique du côté de Trump et un anti-capitalisme assumé chez Sanders, remettent ainsi en cause ce qui était autrefois entendu pour tout le monde.
Et ce n’est pas le seul « libre-échange » a être dans le viseur des candidats « rebelles » : celui des citoyens est également décrié. Avant l’apparition de Donald Trump, aucun politicien n’avait présenté sérieusement l’immigration comme pouvant apporter des problèmes aux Etats-Unis. Il semble qu’aujourd’hui une large majorité du vote républicain (bien plus que le seul électorat de Trump) y voit un problème. L’Islam est également montré du doigt par un certain nombre de candidats, ce qui est aussi très nouveau dans un pays traditionnellement attaché à la liberté religieuse.
En tout cas, quel que soit le choix final, désormais la campagne va désormais se recentrer sur deux candidats seulement : Donald Trump et Hillary Clinton, qui le savent bien et ont d’ores et déjà commencé depuis quelques jours à s’échanger des amabilités. Car si Donald Trump n’a pas la langue dans sa poche, il va pouvoir compter sur le camp Clinton pour lui rendre la pareille : les Clinton savent également être durs en temps de campagne, et ils comptent bien dresser dans les jours qui viennent un portrait peu flatteur de M. Trump pour l’opinion publique.
Si les fans de la série House of Cards retrouveront la campagne d’un autre président américain (Frank Underwood) le 4 mars sur Netflix, les vraies primaires continueront ensuite à grande vitesse dans les jours suivants, avec par exemple la Louisiane le 5 mars, le Michigan le 8 mars, et un énorme enjeu le 15 mars avec le vote d’Etats dont les vainqueurs emporteront la totalité des délégués. Ce jour-là votent de grands Etats comme la Floride, l’Illinois, la Caroline du Nord ou l’Ohio, mais aussi le Missouri. Au soir du 15 mars, les résultats du super tuesday devraient être définitivement confirmés.
(Photo de Donald Trump : Michael Vadon CC by-sa/4.0)
(Photo d’Hillary Clinton : www.facebook.com/hillaryclinton)
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