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Nouveau Départ (suite de notre roman historique « Terre d’Espérance » sur l’arrivée des Français en Floride)

« Nouveau Départ » – Voici la 6ème partie de notre roman historique « Terre d’Espérance », sur les huguenots français partis à la conquête de la Floride.

– La 1ère partie est ici !

Et la 5ème est ici !


Jean-Paul Guis
Un texte original de Jean-Paul Guis, romancier historique

L’homme à l’allure élégante devait jouer des coudes afin de se frayer un passage au travers de la masse humaine qui grouillait le long des quais du Havre de Grâce. Dans la douceur printanière de  ce mois d’avril 1564, une activité incessante menait bon train à proximité de l’endroit où étaient amarrés trois vaisseaux royaux de moyen tonnage. L’Elisabeth, le Breton et le Faucon étaient en partance pour le Nouveau Monde !

Le  serviteur qui poussait devant lui un charreton chargé d’une lourde malle de voyage et de plusieurs planches à dessin avait toutes les peines à suivre son maître. Ce dernier se retournait sans arrêt pour lancer « Allons, François ! Ne trainons pas ! ». Finalement, les deux  voyageurs arrivèrent devant la passerelle d’embarquement de l’Elisabeth.

– Monsieur Le Moyne ! lança depuis le pont du navire un gentilhomme à la barde cendrée.

– Mes respects, Monsieur de Laudonnière ! fit l’artiste peintre tout en faisant une révérence de cour, chapeau bas.

– J’en étais à me demander si par le plus grand des hasards vous n’aviez pas changé d’avis au dernier moment ! jeta l’aristocrate d’un ton moqueur.

– Par ma vie, Monsieur ! Comment renoncer à une telle aventure ?

– Montez donc a bord, Jacques, que je vous conduise a vos quartiers.

Suite à toute une série de concours de circonstances, René de Goulaine de Laudonnière venait d’être nommé à la tête d’une nouvelle expédition à destination de la Floride. On se souviendra en effet qu’à leur retour en France de leur voyage floridien, Jean Ribault et ses marins avaient trouvé un pays en pleine guerre civile. L’histoire allait retenir cette longue période de conflit sous le nom de Guerres de Religions. Une première cessation des hostilités entre catholiques et huguenots avait permis au chef de ces derniers, l’Amiral de Coligny, de reprendre ses projets d’établissement d’une colonie protestante en Floride. Comble de malchance, le chef de la première expédition manquait à l’appel ! Obligé de s’exiler en Angleterre après la prise de Dieppe par les armées catholiques,  Jean Ribault avait été reçu en audience par la reine Elizabeth I dans le but de requérir de l’aide pour un nouveau voyage aux Amériques. Il n’avait pas oublié sa promesse faite aux hommes qui l’attendaient à Charlesfort.  Malheureusement, l’explorateur avait fini par se retrouver au fond d’un cachot de la Tour de Londres. Pour des raisons obscures, il avait été accusé d’espionnage. Pour palier à ce contretemps fâcheux, Gaspard de Coligny avait donc choisi de confier la responsabilité au capitaine de Laudonnière, commandant en second de la précédente expédition.

En quelques enjambées, le sieur Le Moyne se retrouva sur le pont du navire, face à René de Laudonnière.

– Mon cher Jacques, reprit ce dernier, laissez-moi vous présenter un de mes officiers, le lieutenant d’Ottigny.

– Notre capitaine m’a fait part de vos grandes qualités de dessinateur, fit le gentilhomme sur un ton courtois.

– Monsieur Le Moyne est en effet une recrue de choix, reprit Laudonnière. Je l‘ai chargé d’établir la cartographie du territoire de Floride ainsi que tout ce qui méritera d’être rapporté en France. Ses croquis seront très précieux afin de mieux faire connaître à la Cour cette région du bout du monde.

– Je vous souhaite beaucoup de réussite dans cette entreprise pour le moins ardue ! répondit d’Ottigny.

En formulant ces aimables encouragements, le lieutenant était loin de se douter  que les peintures du dessinateur allaient en fait devenir la référence sur la faune, la flore et la culture amérindienne de la région à cette époque.

– D’autres gentilshommes nous accompagnent également dans ce voyage, fit le chef de l’expédition. Je vous les présenterai demain à un banquet que j’ai organisé à terre. Vous y rencontrerez également les capitaines de nos navires.

– Avons-nous aussi quelques survivants du premier voyage ? demanda l’artiste.

– Lacaille est des nôtres ! fit Laudonnière. Il fait fonction de sergent interprète. Son expérience et sa connaissance des tribus locales nous sera très utile quand nous serons à pied d’œuvre.

– La troupe est aussi d’excellente qualité, n’est-ce pas capitaine ? renchérit d’Ottigny.

– En effet ! Tous des soldats d’élite dont chacun est capable de faire fonction d’officier si la situation l’impose. Les marins ont aussi été choisis parmi les meilleurs que compte la marine royale. Les frères Levasseur, par exemple. Michel a pris le commandement du Breton et Nicolas est pilote. Cette fratrie a une réputation qui n’est plus à faire !

De même que pour le premier voyage, la qualité de la troupe et de l’équipage n’avait pas été négligée. Cependant, cette fois il ne s’agissait plus d’une mission d’exploration, mais de l’établissement d’une colonie française. D’autres compétences allaient donc être nécessaires. A cet effet, toute une palette de corps de métiers aussi variés qu’indispensables était présente : un apothicaire, un artificier, des charpentiers et des ouvriers en tout genre. Il y avait même des serviteurs, dont une femme !

Cependant, si certains volontaires étaient gentilshommes, il se trouvait aussi quelques individus intéressés par l’appât du gain. Ces derniers, attirés par la réputation qu’avait acquise Laudonnière à l’issue de son premier voyage aux côtés de Jean Ribault, comptaient bien faire rapidement fortune au Nouveau Monde. Parmi eux, un aventurier corse nommé Seignore ou bien le Genevois, Etienne. Les dangers qui régnaient sur ces contrées hostiles et inconnues ne rebutaient pas de tels hommes si la richesse se trouvait au bout du chemin.

Le 22 avril 1564, la flottille mit voile vers la Terra Florida. Le 5 mai elle relâchait aux iles Canaries. Le 20 du même mois, elle faisait escale à la Martinique et le 21 à la Dominique (Saint Domingue) où elle renouvela sa provision d’eau. Elle prit ensuite la direction du continent américain et le 22 juin touchait terre non loin de la rivière des Dauphins, située dix lieues au nord du cap Français et à trente de la rivière de Mai.

Ces noms de lieux qui avaient été choisi par Jean Ribault le rappelèrent sûrement à l’esprit de la plupart des membres de l’expédition. Absent pour la construction du premier établissement français de la région, il se morfondait dans un cachot humide de la Tour de Londres. Homme plein de ressources, il s’en était déjà évadé à deux reprises de façon spectaculaire et avait pu rejoindre son pays après avoir traversé la Manche en chaloupe. Cependant, cette fois-ci il allait devoir prendre son mal patience et attendre sa liberation. Infatigable travailleur, il mettra à profit ce contretemps pour écrire le récit de son premier voyage en Floride.  Ce témoignage unique nous est parvenu sous la forme d’une traduction de l’original en langue anglaise.

À suivre

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– Voir le portrait que nous avons consacré à Jean-Paul Guis

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