Fin de la « neutralité du net » aux Etats-Unis : quel impact sur le consommateur ?
Le Congrès américain a voté la fin de la « neutralité du net ». Voici en quoi ça consiste… et quelles seront les conséquences prévisibles pour le consommateur.
La « neutralité du net » avait été entérinée sous Barack Obama selon ce principe : depuis la création de la poste, toute communication doit être acheminée par les opérateurs par ordre d’envoi et de manière absolument neutre, sans privilège. Durant les premières décennies d’internet, ce principe y était applicable sans que cela ne pose de souci à personne. Mais voilà, certains sites ont commencé à proposer des contenus beaucoup plus importants aux internautes, exigeant beaucoup plus de bande passante qu’auparavant. Ce fut d’abord le cas de Youtube et des plateformes hébergeant des vidéos, puis de Netflix, Amazon Prime et autres sites proposant de la VOD (vidéo on demand), des chaînes de télévision en direct ou en replay, et enfin de Facebook qui propose désormais à ses utilisateurs de poster et de visionner des films en direct. En moindre mesure, des sites comme celui du www.courrierdefloride.com ou autres proposant de nombreuses photos, consomment plus de bande que de simples blogs. Pour cette raison, le 14 décembre, la Commission fédérale des communications (FCC) a mis un terme à la neutralité du net ». Désormais, les opérateurs de télécommunications américains comme AT&T, Verizon ou T-Mobile vont pouvoir établir une discrimination envers les sites internet utilisant un plus grand volume que les autres. Pas certain que Le Courrier de Floride soit dans leur ligne de mire, mais si Youtube et les géants de la VOD souhaitent continuer d’offrir la même qualité de service à leurs clients (de la vidéo en streaming haute qualité)… ils devraient dorénavant avoir à payer une facture… qui risque d’être assez élevée. Et comme les propriétaires de Netflix, Amazon et consorts n’auront pas envie de payer eux mêmes… c’est bien évidemment le consommateur qui va régler l’addition.
D’un côté, il était compréhensible que les opérateurs de télécoms n’aient plus envie de payer la note, et ainsi être considérés comme une sorte de service public sur lequel pouvait passer, sans frais, des milliards de tetrabytes de données. D’un autre côté, les nombreux protestataires assurent que les gains financiers conséquents à cette suppression vont surtout se faire au détriment du consommateur, et devrait surtout aller dans la poche de quelques propriétaires et actionnaires.
S’il s’agit d’un secteur particulier d’internet qui est visé, il faut également remettre cette nouveauté dans un contexte plus général : l’internet libre et quasi-gratuit est de plus en plus critiqué, à la fois par les citoyens et les gouvernements, notamment en raison de la propagation de contenus illégaux et de fausses nouvelles, et ce y compris (et surtout) sur les sites les plus populaires. Le gouvernement allemand a voté une loi condamnant les sites internet, y compris les réseaux sociaux, à des millions de dollars d’amende en cas de propagation de contenus illégaux, et Facebook, Google ou Youtube semblent constamment renforcer leurs équipes de censeurs depuis deux ans, afin de stopper les critiques les accusant de faciliter la propagation de contenus dangereux, illégaux ou mensongers. Ce faisant, les uns comme les autres sont en train de mettre un terme à la liberté absolue de diffusion de contenu qui caractérisait internet depuis sa fondation. Il paraît néanmoins illusoire de penser que la censure (et l’autocensure) puisse s’arrêter là, puisque les principales plateformes internet n’auront jamais les moyens de surveiller les propos de tous les internautes, et donc la propagation des « fake news » et des propos délinquants qui s’y diffusent à plus grande vitesse que les informations vérifiées.
Il y aura donc d’autres « régulations » d’internet à venir. Il paraît par exemple curieux que la totalité des médias aient une responsabilité pénale, sauf les réseaux sociaux, qui n’ont à répondre judiciairement de leur contenu qu’en Allemagne. D’autres pays pourraient bien voter un dispositif législatif similaire.
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