Droits de douane avec le Canada : un peu de calme s’il vous plaît ! (éditorial du Courrier des Amériques)

La Rédaction février 26, 2025

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Depuis quelques semaines, les réseaux sociaux et certains médias canadiens s’enflamment contre la décision de Donald Trump d’imposer des droits de douane y compris sur l’acier et l’aluminium importés, en provenance du Canada. Les commentaires fusent, dénonçant un protectionnisme outrancier, un affront aux relations entre voisins, voire une menace pour l’économie. Tout cela bien sûr est normal, mais parfois accompagné d’affirmations totalement fausses sur une prétendue « crise immobilière » en Floride ou bien que la situation politique politique pousserait les Canadiens à fuir la Floride. Cette partie-là est fausse. Prenons un instant pour revenir aux faits.

Gwendal Gauthier / Le Courrier des Amériques — par Gwendal GAUTHIER directeur du Courrier des Amériques

Déjà, des taxes, il y en a quand des biens sont vendus d’une province à l’autre du Canada. En octobre dernier, c’est le Canada lui-même qui a instauré une surtaxe de 25 % sur l’acier et l’aluminium chinois, précisément pour protéger son industrie nationale contre le « dumping ». Il faut donc raison garder aujourd’hui sur les remontrances à l’encontre des Etats-Unis.

D’autant plus que le Premier ministre Justin Trudeau s’est empressé, fin novembre, d’aller rencontrer Donald Trump à Mar-a-Lago, cherchant visiblement à désamorcer la situation (moins d’un mois après avoir pris la même mesure contre la Chine). Mais c’est tout à fait légitime : chaque pays défend ses intérêts économiques. Si on accepte que le Canada puisse protéger ses industries, alors il serait sage d’adopter la même compréhension envers les décisions économiques américaines. Bien sûr, le Canada n’a pas la même relation avec la Chine que les USA. Un peu plus de tact de la part de Trump aurait pu être apprécié. On ne sait pas trop ce qu’il entend négocier avec le Canada (il n’y a pas de personnes ni de biens à passer clandestinement la frontière vers les USA).

Loin de nous l’idée d’appuyer une politique contre une autre ; de dire qui a tort et qui a raison sur ces histoires de “tariffs”. Je défend ici un seul point : la discussion sur ces questions mérite mieux que des exagérations et du « bashing » systématique, ou des appels au boycott de produits américains accompagnés d’insultes mal orthographiées sur Facebook. Laissons les dirigeants diriger, s’empoigner s’il le faut, surtout quand ils viennent (à peine) d’être élus (ou bien ne le sont pas encore, comme c’est le cas au Canada). Il est très bien que les citoyens réagissent aussi, mais il convient de conserver une certaine dignitié. C’est le cas de la grande majorité, heureusement.

Les Etats-Unis (y compris la Floride) restent une destination privilégiée des Canadiens, l’immobilier y est en pleine forme, et il serait bon de ne pas tout essayer de dramatiser au gré des débats politiques. Je pense être assez bien placé pour savoir ce qui se passe au niveau des Canadiens de Floride ou de l’immobilier : rien de spécial (on parle régulièrement des problèmes dans ce journal… quand il y en a). Juste, que ça en embête certains ou pas, depuis l’élection de Trump il y a beaucoup plus de Canadiens à venir en Floride : c’est un fait statistique (voir notre article dans ce journal à ce sujet).

C’est évident, vu la tension politique actuelle, certains Canadiens qui souhaitent acheter en Floride vont peut-être attendre quelques mois avant de le faire. Et un très petit nombre préféra choisir de rester au froid durant l’hiver, ou bien d’acheter dans une ville mexicaine au haut taux de criminalité et d’instabilité. Chacun fait ce qu’il veut. Mais au final les relations se normaliseront, de la même manière qu’en 2016 (suite à la première élection de Trump). Encore une fois, je ne valide ici aucune politique, ni canadienne, ni américaine.

Mais, souvent, je me dis : « les gens sont dorénavant suffisamment éduqués pour qu’on n’ait plus besoin de faire des éditoriaux sur la haine ». Malheureusement, je dois régulièrement me raviser.

En sens inverse, depuis deux mois je n’ai noté aucune haine chez les Américains à l’encontre des Canadiens ; aucun signe notable. Vous voyez, ils ne sont pas totalement imparfaits.