Tensions diplomatiques au dessus de l’Atlantique, entre les USA et l’Union Européenne

Le 24 février, le président français Emmanuel Macron est venu en visite rapide et urgente à la Maison-Blanche, afin de discuter avec Donald Trump des négociations de paix en Ukraine (photo ci-dessus). Cette visite a été réalisée sur fond d’inquiétude quand aux nouveaux caps de politique internationale de l’administration Trump. Les déclarations suivant cette rencontre ne permettent pas de penser que, pour le moment, Donald Trump ait changé d’avis. Voici une brève analyse des tensions.
Donald Trump lui même ne fait pas mystère de son rêve de changements dans la défense occidentale, et notamment pour ce qui touche à son financement : déjà lors de son premier mandat il trouvait que la contribution américaine était trop élevée par rapport aux autres pays de l’OTAN.
Plusieurs nouveautés en provenance du gouvernement trumpiste ont cette fois provoqué une levée de boucliers en Europe, où certains envisagent désormais aussi (comme Trump) un avenir différent de ce qu’on a connu jusqu’à présent : l’alliance transatlantique née à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Voici trois points qui nous paraissent fondamentaux :
– Même s’ils progressent fortement, les mouvements anti-immigration sont minoritaires dans la majorité des pays de l’Union. Depuis leur arrivée au pouvoir, Elon Musk et JD Vance les soutiennent. De nombreux dirigeants de l’Union y voient « un soutien à la haine », et en tout cas à leurs oppositions politiques respectives, qui existent dans tous les pays d’Europe (1).
– Dans le même temps, le fait que la Maison-Blanche envisage de mettre des droits de douane spécifiques aux pays de l’UE, n’est pas là-bas très populaire, ni pris comme un signe d’amitié transatlantique.
– Si les pays de l’UE s’étaient spontanément et fortement rapprochés des Etats-Unis lors du déclenchement de la Guerre Ukraine-Russie, force est de constater que les tentatives de paix se font cette fois avec moins d’unité. La première conférence pour organiser cette paix a été organisée entre les USA et la Russie (Rubio-Lavrov) en Arabie Saoudite, et donc sans l’Union Européenne… ni l’Ukraine, qui ont très peu apprécié.
Début février, Poutine a déclaré que Trump allait « restaurer l’ordre » en Europe et que les nations européennes « allaient toutes se tenir au pied de leur maître et remuer de la queue tendrement ». Cette citation a été rapidement repostée par Donald Trump lui même sur les réseaux sociaux.
En réaction, les trompettes sonnent sur le Vieux Continent. Emmanuel Macron a déclaré : « c’est l’heure de l’Europe », et dans d’autres pays certains ont comme lui, montré les muscles.
Benjamin Haddad, ministre français des Affaires européenne assure : « Le déni n’est plus possible. Le message est clair : il est temps de prendre nos responsabilités, d’assurer notre propre sécurité (…) Le premier test serait de refuser une capitulation en Ukraine. »
Ok. Sauf que le président ukrainien lui même a déclaré en février qu’il était temps de trouver une solution pour la paix, « qu’il y a trop de morts », selon lui. Ca va être compliqué de continuer la guerre contre la volonté des Ukrainiens, des Russes et des Américains !
Il faut rappeler que Donald Trump a pointé à plusieurs reprises (et encore en février) Joe Biden comme étant le responsable de cette guerre. Or Trump demande depuis 2015 que les Etats-Unis ne déclenchent plus de guerre, pour des raisons « morales »… et budgétaires.
Le problème de l’Union Européenne, c’est qu’actuellement elle est économiquement très fragile, et qu’elle n’a pas le budget nécessaire pour construire et maintenir une armée capable d’affronter une grande puissance… et encore moins un « effort de guerre ». La défaite de l’Ukraine en est une preuve évidente. Bien sûr, l’UE ou certains pays qui la composent pourraient réarmer, mais le prix à payer serait immense pour les contribuables dans un tel contexte économique.
Donald Trump met pourtant l’UE au pied du mur à ce niveau-là : il ne semble pas que, cette fois, il cède quoi que ce soit. Donc des choix budgétaires vont devoir être faits.
Est-ce pour autant la fin de l’atlantisme ? Avec la mondialisation, les Etats-Unis sont devenus moins dépendants et moins liés à leur commerce transatlantique que c’était le cas en 1945. Mais, bien, entendu les liens restent très forts entre les deux continents. Peut-être n’est-ce qu’une période de calage entre l’UE et les USA. Mais on sent tout de même qu’il y a de l’eau dans le gaz.
– 1 – Notons que, déjà, l’ex-conseiller de Trump, Steve Bannon, était venu soutenir des mouvements nationalistes d’Europe par le passé. Les volontés d’influences de Vance et Musk ne peuvent donc pas être considérées comme un détail : ils ont une vraie volonté de pousser les pays d’Europe vers les droites nationalistes.
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