Maxime Bernier : « Il est temps de rouvrir la frontière entre le Canada et les Etats-Unis ! »
"On devrait arrêter l'hystérie dès maintenant !"
- Entretien avec Maxime Bernier sur le bien-fondé de laisser la frontière canadienne fermée.
- Retour avec lui sur les outrances et croyances qui ont amené le gouvernement à durcir les mesures contre le passage de la frontière.
- Max Bernier n'est pas tendre du tout avec les médias canadiens et la manière dont ils ont traité cette crise.
Le Courrier des Amériques : Pensez-vous que la fermeture depuis mars 2020 de la frontière terrestre entre le Canada et les Etats-Unis a une utilité médicale ou autre ?
MAXIME BERNIER : La fermeture de la frontière terrestre était une mesure de précaution qui pouvait certainement se justifier au printemps de 2020, quand l’incertitude était grande et qu’on ne savait pas encore à quel point le virus était transmissible. Elle ne l’est toutefois plus depuis plusieurs mois.
Les nombres de cas, d’hospitalisations et de décès ont considérablement diminué des deux côtés de la frontière, non seulement à cause de la vaccination, mais aussi grâce à l’immunité naturelle et des facteurs saisonniers. Le risque est maintenant infime.
La fermeture de la frontière a un coût économique et humain. Après quinze mois d’imposition de diverses mesures de confinement, il est plus que temps d’y mettre fin. J’ai toujours cru que nous aurions dû concentrer les efforts à la protection des personnes âgées et malades les plus vulnérables et laisser le reste de la population continuer à travailler, laisser l’économie et les écoles ouvertes. On ne peut pas changer ce qui a été fait, mais on devrait arrêter l’hystérie dès maintenant!
Justin Trudeau a déclaré à la fin mai qu’il n’était pas pressé de la rouvrir et qu’il souhaitait que 75% des Canadiens soient vaccinés avant d’y songer. Il est toujours possible que la fermeture soit repoussée encore une fois après le 21 juin. Je considère que c’est totalement inutile.
Le Courrier des Amériques : Les Canadiens qui ont l’habitude de passer une partie de l’année aux Etats-Unis (les Snowbirds, mais aussi les familles vivant dans les deux pays) ont pour beaucoup vécu de manière « discriminatoire » les mesures prises en janvier par le gouvernement, comme par exemple les « trois jours d’hôtel à 2000$ par personne ». Les comprenez-vous ?
MAXIME BERNIER : Je les comprends certainement! Je suis moi-même allé en Floride avec mon épouse Catherine à l’automne 2020, avant que ces mesures soient instaurées. Nous nous sommes isolés à notre retour pendant deux semaines tel qu’exigé.
Mais les trois jours à l’hôtel à 2000$ sont une mesure encore une fois complètement inutile et incohérente, comme bien des commentateurs l’ont souligné. La période d’incubation du virus est plus longue, c’est donc complètement inefficace. Les gens peuvent décider de simplement payer l’amende et de partir! C’est aussi à mon avis une mesure autoritaire excessive qui brime nos libertés de manière totalement injustifiée.
Un comité consultatif d’experts à conseillé au gouvernement fédéral d’abandonner cette obligation il y a quelques jours, mais Ottawa persiste à la maintenir. Ce n’est qu’un exemple de plus des nombreuses décisions irrationnelles prises par les gouvernements depuis plus d’un an.
Le Courrier des Amériques : Le gouvernement canadien, contrairement à beaucoup d’autres pays, laissait encore les malades passer sa frontière sans test PCR à la mi-janvier 2021, et puis tout à coup ces mesures ont été mises en place, ne tenant pas même compte du fait que les Snowbirds avaient été vaccinés aux USA. Comment ont-ils pu ainsi passer d’une extrémité à une autre ?
MAXIME BERNIER : Je ne peux que me répéter : Ce n’est qu’un exemple de plus des nombreuses décisions irrationnelles prises par les gouvernements depuis plus d’un an!
Le Courrier des Amériques : C’est à la limite de la constitutionnalité, non ?
MAXIME BERNIER : En effet, et le Justice Centre for Constitutional Freedoms conteste justement ces mesures. Des audiences ont lieu ces jours-ci devant la Cour fédérale à Toronto. J’espère que ce sera la première d’une série de décisions des juges pour condamner les violations excessives de nos droits et libertés.
Le Courrier des Amériques : Il nous a semblé que les réactions gouvernementales ont été prises très rapidement après la publication fin décembre 2020 d’une couverture du Journal de Montréal montrant trois jeunes en train de « s’échanger des cigarettes » sur la plage de Playa del Carmen. Y-a-t-il eu une surréaction des gouvernements par rapport aux campagnes des médias… ou l’inverse ?
MAXIME BERNIER : La couverture de la pandémie par le Journal de Montréal a été absolument exécrable. Le Journal a systématiquement donné dans le sensationnalisme au lieu d’offrir une couverture objective. Il suffit de voir les gros titres avec des mots comme « touristata » et « covidiot ». C’est honteux.
Je ne pense pas que les politiciens aient simplement réagi à cette couverture médiatique hystérique. Eux-mêmes ont alimenté ce climat d’hystérie, ils ont eu peur de ne pas en faire assez et ont suivi les conseils de leurs conseillers de santé publique les plus radicaux.
Le Courrier des Amériques : En 2020 et même en début d’année 2021, un grand nombre de Canadiens ont eu l’impression que la Floride était dans une situation apocalyptique. Pensez-vous que l’image véhiculée ressemblait à la réalité ?
MAXIME BERNIER : Clairement non. Qu’il s’agisse de ce qui se passait aux États-Unis, en Suède, ou en Inde, les médias ont systématiquement déformé la réalité. Il y a quelques semaines, on avait l’impression que c’était la fin du monde en Inde et que tellement d’Indiens mourraient qu’il fallait les jeter sur des bûchers pour se débarrasser des corps. En fait, les bûchers funéraires sont une traditions hindoue, et le taux de mortalité COVID en Inde est beaucoup plus bas qu’au Québec.
Les médias ont exagéré tout ce qui concerne la COVID mais ont presque ignoré les effets néfastes des confinements avec lesquels nous devrons composer pendant des années sur l’économie et la santé physique et mentale des gens.
Susciter la peur est une façon très efficace d’amener les populations à se conformer. Maxime Bernier
Le Courrier des Amériques : Nous avons pu voir des articles titrés « La manif des amis du virus » et des accusations extrêmement violentes contre des personnes se manifestant simplement pour la liberté. Avez-vous été surpris par la vitesse avec laquelle les gouvernements et un grand nombre de citoyens pouvaient renoncer à leurs libertés, et ce pour une période qui dure quand même depuis plus d’un an ?
MAXIME BERNIER : Oui j’ai été très surpris. Je pense que quand tout cela sera terminé et qu’on verra les effets désastreux par exemple sur les chirurgies qui ont été reportées, les troubles mentaux très répandus chez les jeunes, l’endettement massif de nos gouvernements, la perte permanente de certaines de nos libertés, certains vont regretter d’avoir succombé à l’hystérie.
Le Courrier des Amériques : Pensez-vous que, a posteriori, les Canadiens vont vous donner raison, ou bien qu’il est dorénavant durablement possible pour les gouvernements de priver leurs concitoyens de liberté « pour leur bien », en faisant passer le « sanitaire » avant le reste ?
MAXIME BERNIER : Ça reste à voir. La pandémie a entraîné une polarisation idéologique importante. Susciter la peur est une façon très efficace d’amener les populations à se conformer. Beaucoup de gens qui ont eu la frousse acceptent maintenant toutes les restrictions à leur liberté au nom de la sécurité. D’autres ont vu la manipulation flagrante et ne font plus du tout confiance à nos institutions.
Je suis l’un des rares politiciens au Canada qui ont pris une position claire contre les confinements. J’espère que ceux qui chérissent nos libertés vont envoyer un message aux politiciens lors des prochaines élections, pour éviter que ces excès se reproduisent quand un nouveau virus fera son apparition ou une autre sorte de crise surviendra. Sinon, c’est notre prospérité et notre mode de vie qui sont carrément menacés.
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