USA : Robert Kennedy Jr est à plus de 20% dans les sondages pour l’élection présidentielle… et c’est énorme !
Voici notre point sur l’élection présidentielle de 2024, qui commence à devenir plus ouverte que prévue, notamment en raison de la candidature Kennedy ! Ce point est entre autres basé sur les sondages et il convient de rappeler que les sondages aux Etats-Unis ressemblent souvent à des plaisanteries (surtout quand on prend connaissance du résultat final que les instituts ont toujours mal pronostiqué !) Néanmoins, quand les sondages donnent des écarts très importants entre les candidats, ça signifie quand même quelque chose de rationnel, et on peut observer grâce à eux certaines dynamiques.
Biden et Trump en tête des primaires
Les primaires débutent dans quelques semaines : le 15 janvier pour les Républicains et le 23 janvier pour les Démocrates. Sauf accident non-électoral, les deux favoris vont se qualifier : Biden est à 71% chez les Démocrates suivi par Williamson à 8%. Chez les Républicains Trump est à 60% et DeSantis à 13,5%. Pire pour le gouverneur de Floride, Nikky Halley est à 9,5% et le rattrape dans certains sondages. DeSantis et Halley sont les deux seuls à avoir offert des prestations charismatiques durant les débats télévisés ; en tout cas avec une envergure présidentielle. Mais même si Trump était condamné à une peine de prison (il a des procès en cours), il paraît évident aujourd’hui qu’il serait alors toujours devant eux dans les intentions de vote. Il faudrait vraiment qu’il ait un accident de santé pour ne pas terminer premier, et il ne vaut mieux pas compter sur ça !
Pour sa part, Joe Biden semble fragile, mais pas suffisamment pour que (pour les moment) les Démocrates fassent appel à un « plan B ». Ils ont toutefois jusqu’au début d’été 2024 s’ils souhaitent changer de candidat. Le président des Etats-Unis met en avant un bilan économique que beaucoup d’experts jugent « bon », mais pas la majorité des citoyens américains. Même si elle paraît aujourd’hui calmée, l’inflation de ces dernières années reste en travers de la gorge d’un grand nombre d’électeurs, et c’est Joe Biden qui est le symbole de cette inflation aux yeux des mécontents. Encore une fois, et malgré son âge, Biden ne semble pas si fragilisé que ça. Recourir à un(e) candidat(e) de dernière minute pourrait être plus risqué pour les Démocrates que de tenter une réélection du président sortant.
Enorme score de Kennedy dans les sondages
Début octobre Robert Kennedy Jr s’est retiré de la Primaire démocrate pour se présenter directement en candidat indépendant. Sur les 11 sondages publiés depuis lors, 5 le donnent à plus de 20%, y compris les 3 derniers. Deux sondages le donnent à 22%. C’est énorme.
On va tout de suite relativiser : Bobby Kennedy Jr n’a que 500 000 followers sur Facebook. Il y a réalisé sa (très argumentée et très intéressante) déclaration de candidature mais qui a été vue par seulement 34000 personnes. Elle a toutefois été remarquée des citoyens américains à travers les mass médias, mais qui l’ont maltraitée, puisque Fox News (la chaîne d’infos la plus regardée) est inféodée aux Républicains et toutes les autres chaînes à fortes audiences étant également partisanes, mais en faveur des Démocrates (ABC, NBC, CBS, CNN, sans oublier le New-York Times et le Washington Post). Ils n’ont parlé de la candidature Kennedy durant seulement quelques secondes d’antenne.
Alors, est-ce que les sondages sont de nouveau en train de dérailler quand ils donnent Kennedy à 22% (certains autres le pronostiquant à 6% ou à 9%) ? Ca dépend certainement de la manière dont la question est posée. Ce qui est vrai, c’est qu’une large majorité d’Américains se prononçaient récemment comme favorables à l’émergence d’un nouveau parti/candidat. Peut-être ne connaissant-ils pas bien encore Kennedy Jr, mais en tout cas ce nouveau candidat a un nom qui est déjà populaire, et c’est un avantage réel. Et puis, si la question est de savoir si les gens veulent voter pour Biden, ou pour Trump ou… pour un autre, alors il paraît assez logique qu’une vingtaine de pourcents soient lassés par Biden et Trump, et préfèrent un inconnu politique. Ce qui veut dire que le score de Kennedy va changer (monter ou descendre) à mesure que son programme sera connu (mais aussi certaines de ses positions qui ne font pas l’unanimité).
Certains, toutefois, le connaissent déjà (ou croient le connaître). Kennedy endosse un peu le costume du « rebelle », déjà porté par Obama ou Trump. Il en faut un à chaque élection ! Kennedy porte au cœur du débat des problèmes, notamment sociaux, qui ne semblent pas primordiaux pour les deux autres candidats, et ses positions sur la Covid sont assez singulières. Toutefois, s’il veut réussir, il a intérêt à grossir ses réseaux sociaux et ses réunions publiques, car il devra affronter l’ostracisme (ou même la critique) des principaux médias.
Kennedy faiseur de roi
S’il est pour le moment loin de pouvoir gagner l’élection présidentielle, Kennedy est en position de « faiseur de roi » : il peut aussi bien faire descendre Trump que Biden.
Quand il a fait sa déclaration de candidature en octobre, tout le monde pensait qu’il allait prendre des voix à Biden et possiblement le faire perdre. C’est ce que disent encore aujourd’hui les sondages : la candidature Kennedy n’est pas bonne pour Biden. Mais les sondages montrent qu’il prendrait aussi énormément de voix à Trump, pour un résultat final assez serré. La moyenne des sondages (le 20 novembre) donne 38,4% pour Trump, 38% pour Biden et 14.7% pour Kennedy. Mais plus Kennedy est haut dans le sondages, et plus Biden est bas.
De manière plus déterminante, depuis que Kennedy est candidat, les sondages donnent Biden perdant dans la quasi-totalité des Swing States (Etats indécis). La victoire présidentielle de Donald Trump deviendrait dès lors inéluctable.
D’autant qu’il va aussi y avoir une candidature de gauche radicale avec Jill Stein (écologiste) qui avait fait perdre Hillary Clinton lors de la Présidentielle de 2016 en l’empêchant par quelques dizaines de milliers de voix de gagner deux états indécis. Pire pour Joe Biden, il se pourrait aussi que le sénateur démocrate Joe Manchin soit candidat sous les couleurs du No Label. Ce parti récolte dans ce but des millions de dollars depuis plusieurs mois, et Manchin a annoncé en novembre qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat de sénateur, tout en assurant qu’il « considérait » une possible course présidentielle.
No Label avait indiqué en août qu’il présenterait une candidature si la seule alternative pour les électeurs était « Trump ou Biden ». Ainsi, ce n’est plus cas aujourd’hui, puisqu’il y a désormais Kennedy et qu’il est haut dans les sondages ; et même très haut pour un indépendant (le score le plus haut pour un indépendant étant Ross Perrot : 19% lors de la Présidentielle de 1992). Mais la position de Joe Manchin est pour le moment (volontairement) intriguante.
Pendant ce temps-là, Trump continue ses réunions publiques géantes dans chaque ville des Etats-Unis. Et, si l’élection de 2020 avait surtout été un référendum « pour ou contre Trump », cette fois-ci la détermination de l’homme d’affaire de Palm Beach le place (pour le moment) dans une position relativement bonne. Mais les scores pronostiqués sont encore très serrés.
Encore une fois, il faut faire attention aux sondages : l’an passé ils annonçaient une victoire républicaine éclatante pour les midterms, et au final il n’y avait pas vraiment eu de ras de marée rouge.
Les sites des candidats :
– Biden : www.joebiden.com
– Kennedy : www.kennedy24.com
– Trump : www.donaldjtrump.com
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