Gad Elmaleh : « J’ai hâte de vous retrouver à Miami » ! (rencontre avec l’humoriste)

Après avoir séduit le public américain avec ses spectacles en anglais, Gad Elmaleh revient en Floride pour présenter Lui-même, un show plus intime et introspectif… mais toujours porté par son humour irrésistible. L’humoriste, qui garde un souvenir ému de son dernier passage à Miami, promet déjà de nouvelles improvisations taillées sur mesure pour le public local. Rencontre avec Gad et retour avec lui sur ses années américaines !
Gad Elmaleh, le 13 septembre à 21h au Fillmore de Miami Beach.
1700 Washington Ave, Miami Beach, FL 33139
La billetterie est ouverte. Le spectacle est comme d’habitude organisé par notre ami Franck Bondrille et sa société Silverprod.
– Le Courrier des Amériques : Tu n’apparais pas sur l’affiche de ton spectacle « Lui même ». Il s’est passé quoi ? Tu es arrivé en retard à la session de photos ?
Gad Elmaleh : On m’a souvent demandé pourquoi ! Le but c’était de faire un spectacle (et une affiche) vraiment épurés : ça va à l’essentiel. La question ringarde, c’est celle sur la maturité de mes spectacles. Mais oui, c’est vrai que j’avais cette fois plus envie de faire un travail sur l’intérieur que sur l’extérieur. J’explique qu’on peut toujours trouver le bonheur en soi même. J’ai co-écrit « Lui même » avec un jeune humoriste, Roman Frayssinet, et je trouvais que c’était sobre de faire ce type d’affiche. Mais bon c’est vrai aussi que c’est un « luxe » de pas montrer sa tête : tu peux pas faire ça au début de ta carrière !
– LE C.D.A : Si Lui-même devait avoir un sous-titre secret, que personne n’a vu sur l’affiche, ce serait quoi ?
Gad Elmaleh : « Enfin je m’aime un peu ! » C’est incroyable de faire 30 ans de scène et de ne pas avoir fait le travail de s’aimer un peu. Je le dis dans le spectacle : il est impossible d’aimer quelqu’un quand on ne s’aime pas soi même. L’an passé j’ai participé à un « Institut Hoffman » en Californie, de développement personnel, de travail sur soi – Bob Hoffman est spécialiste pour guérir les blessures de l’enfance c’était au milieu de la nature ; ça a changé ma vie.
– LE C.D.A : Tu parles beaucoup de toi, mais est-ce vraiment une auto-confession… ou plutôt un “autoportrait retouché” à la Gad ?
Gad Elmaleh : « Auto-confession » j’aime bien car j’ai aussi dans le spectacle des sujets que je n’osais pas aborder auparavant. Pas ce qu’on pourrait appeler une « prise de risque » mais par contre j’ai moins de pudeur et de réserves. Avant j’accordais beaucoup d’importance à la perception que les gens allaient avoir des thèmes que j’aborde. J’avais beaucoup de liberté, mais c’était plus difficile pour moi de parler d’argent, de religion… Je n’ai plus cette crainte-là.
– LE C.D.A : Un message à ton public de Miami ?
Gad Elmaleh : Je garde un souvenir fort de mon dernier passage, avec un accueil chaleureux. J’avais pu improviser énormément, avec des imitations des gens qui s’installent à Miami. J’ai hâte de vous retrouver !
– LE C.D.A : En 2022, tu es revenu vivre en France après des années ici. C’est toi qui as quitté l’Amérique… ou est-ce l’Amérique qui t’a quitté ?
Gad Elmaleh : J’ai adoré mes trois ans aux USA mais mon fils était encore petit, et je prenais l’avion tout le temps pour le voir, avec une vie compliquée entre Paris et Monaco, je me suis dit : j’ai bien appris, j’ai fait les grands talk shows américains, j’ai adoré l’expérience, une sorte de mega-stage de luxe, j’ai adoré vivre à New York, j’ai pris des cours d’anglais pour perdre mon accent : plein de choses ! Mais il était temps de rentrer pour mon fils.
– LE C.D.A : Artiste étranger dans un petit club new-yorkais, puis star du Zénith : tu préfères l’anonymat friendly des Comedy Cellars ou la chaleur des grandes salles françaises ?
Gad Elmaleh : Le Comedy Cellar c’est le plus connu au monde, j’ai fait une audition pour être titulaire tous les soirs et j’ai été embauché. C’était vraiment une grande excitation d’être payé 120 balles, de repartir à zéro, de sortir de ma zone de confort. Je devais faire mes preuves devant un public 100% américain. C’est avec ce genre d’expériences-là que tu fais des progrès.
– LE C.D.A : Si tu devais résumer ton expérience américaine en une seule punchline, ce serait quoi ?
Gad Elmaleh : Gad Bless América !
– LE C.D.A : Tu as dit que faire du stand-up en anglais, c’était comme « recommencer à zéro » : quelle a été ta pire « gaffe » linguistique sur scène ?
Gad Elmaleh : Les problèmes de prononciation qu’on a tous, nous les Français. La confusion entre Beach et Bitch je ne comprenais pas qu’ils ne riaient pas… ou qu’ils riaient différemment d’un soir sur l’autre. J’ai fait venir ma prof d’anglais qui m’a expliqué pour l’accent tonique !
– LE C.D.A : Si on regarde les grandes étapes de ta vie, on a l’impression que tu es comme un caméléon qui change de peau : Monaco, New-York, chez Michou, un film religieux…
Gad Elmaleh : C’est vrai que ça peut donner un côté « changement identitaire ». Ceci dit pour le film, c’était à moitié une fiction, et certaines personnes ne l’ont pas compris. C’était aussi vrai que, quand j’étais petit au Maroc c’était interdit de rentrer dans les églises. Mon père il me disait « tu ne rentres pas ». Et quand t’es petit et bien… tu rentres dans l’église ! A partir de là, avec le film ils ont lancé des rumeurs de conversion etc…
Oui je crois qu’il a un peu une volonté chez moi de surprendre et d’aller là où on ne m’attend pas, avec des choses inattendues ou des transgressions. J’ai peut-être gardé de l’enfance un côté rebelle, contre l’autorité !
– LE C.D.A : Tes spectacles en anglais sont entièrement écrits, contrairement à ceux en français où tu peux improviser. Tu préfères te sentir comme un robot bien huilé… ou comme un funambule freestyle ?
Gad Elmaleh : Je préfère le free style, improviser et jouer avec la langue que je maîtrise. En anglais c’était impossible !
– LE C.D.A : Est-ce que tu vas demander un mojito pour boire avec ton public à Miami ? Ou tu restes fidèle à la bouteille d’eau minérale sur scène ?
Gad Elmaleh : Pas une goutte d’alcool ! C’est pas pour autant que le spectacle sera plus triste ! C’est une vraie joie d’être sobre, ça m’apporte plus de lumière.
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