240 ans du dollar américain : l’incroyable histoire d’un billet qui fait tourner le monde

Le 6 juillet 1785, les jeunes États-Unis d’Amérique, encore tout droit sortis de leur révolution contre les Anglais, prennent une décision cruciale : adopter officiellement le “dollar” comme unité monétaire nationale. C’était il y a 240 ans. Depuis, ce bout de papier vert est devenu la monnaie la plus puissante, la plus copiée, la plus convoitée et la plus mythifiée de la planète. Retour sur une épopée monétaire aussi sérieuse que rocambolesque.
Avant le dollar : un joyeux bazar
Quand les États-Unis obtiennent leur indépendance en 1776, ils n’ont pas encore de monnaie propre. Alors on paye avec ce qu’on a sous la main : livres britanniques, pièces espagnoles, francs français, coquillages, peaux de castor, et même du rhum. L’économie est un cocktail baroque où chacun convertit comme il peut.
Et au milieu de ce chaos : la “Continental currency”, la première tentative de billet américain, lancée par le Congrès Continental en 1775. Mauvaise idée : elle s’effondre rapidement, victime de l’inflation et d’un slogan resté célèbre : “Not worth a Continental” (pas même bon pour caler un meuble).
Pourquoi le « dollar » ?
Le mot “dollar” ne vient pas d’Hollywood mais du thaler (ou « Joachimsthaler »), une pièce d’argent frappée en Bohême au XVIe siècle. Ce thaler est une star en Europe, et sa version espagnole – le “peso de a ocho” (la fameuse “pièce de huit”) – circule massivement dans les colonies américaines.
Résultat : quand le Congrès cherche un nom pour la nouvelle monnaie, on évite les “livres” (trop british), et on choisit ce que tout le monde utilise déjà : le dollar espagnol. Un choix à la fois pragmatique et un peu révolutionnaire.
Le 6 juillet 1785 : naissance officielle
C’est donc ce jour-là que le Congrès Continental décide que la jeune nation aura une monnaie décimale (1 dollar = 100 cents), une première mondiale. En Europe, on utilise encore des sous, des sols, des deniers, des couronnes et parfois un boulier.
L’Amérique veut de la modernité, de l’ordre, et surtout… s’éloigner de tout ce qui ressemble à l’Empire britannique. Le dollar devient alors un symbole d’indépendance, tout autant qu’un outil économique.
Et les billets verts, dans tout ça ?
Le billet de 1 dollar tel qu’on le connaît (avec la tête de George Washington) n’arrive que beaucoup plus tard, au XIXe siècle. Le premier billet officiel du Trésor américain sort en 1862, pendant la guerre de Sécession, pour financer l’effort de guerre nordiste. On l’appelle alors le “greenback”, pour sa couleur verte – toujours d’actualité aujourd’hui.
Petite précision pour les complotistes en herbe : non, le triangle et l’œil sur le billet ne viennent pas des Illuminati. C’est une allégorie maçonnique classique du XVIIIe siècle, représentant la Providence divine. (Mais oui, ça fait très Da Vinci Code.)
De la monnaie locale à l’arme mondiale
Avec la victoire des États-Unis en 1945 et les accords de Bretton Woods, le dollar devient la monnaie de référence mondiale, indexée sur l’or (jusqu’en 1971), puis flottante. Depuis, il règne en maître : 90 % des transactions internationales se font en dollars, même pour acheter du pétrole entre la Chine et l’Arabie Saoudite.
Il est devenu le roi du capitalisme, du rêve américain, de Wall Street, du capital-risque, et des valises diplomatiques discrètes. Tout ça, depuis une simple décision prise un jour de juillet 1785.
Le dollar, star de la culture pop
Le dollar a aussi inspiré la culture : « Money makes the world go round » dans Cabaret, Scarface et ses montagnes de billets, et même Uncle Scrooge qui nage littéralement dans ses dollars.
Les symboles “$”, “In God We Trust” et les visages gravés (Washington, Lincoln, Hamilton…) sont devenus des icônes planétaires, aussi reconnaissables qu’un Coca-Cola ou un logo Apple.
240 ans plus tard : toujours là
En 2025, alors que le dollar fête ses 240 ans, il est toujours :
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La monnaie de réserve mondiale
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Un symbole ambivalent : liberté pour certains, domination pour d’autres
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Et le cauchemar des touristes étrangers quand il s’apprécie un peu trop
Mais le dollar, c’est avant tout l’histoire d’un pari réussi : créer une monnaie simple, efficace, moderne… et qui allait devenir le carburant d’un empire.
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