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Olivier Haligon : « agrandisseur-réducteur » à Miami !

Olivier et Caroline Haligon

Il a importé à Miami en 1998 une machine créée par son arrière grand-père permettant d’agrandir ou de réduire les œuvres d’art. Portrait d’une incroyable aventure artistique familiale.

« Je suis né à Montparnasse. Non, je n’en ai pas les origines bretonnes, mais les origines artistiques. » Son père, son grand père et son arrière-grand-père ont tous été « agrandisseurs-réducteurs » dans le quartier : rue d’Alésia, rue de la Gaité… et c’est dans les ateliers où se créaient l’art parisien qu’Olivier Haligon a passé sa jeunesse. Son arrière grand-père avait créé de toutes pièces un pantographe, instrument qu’on croirait tout droit sorti des machines de guerres de Léonard de Vinci, mais qui est tout à fait pacifique quand on sait l’apprivoiser. Et ils sont peu nombreux à en avoir la maitrise. Les artistes donnent une statuette, ou parfois même un simple croquis, et la famille Haligon les reproduits à grande échelle, taillant dans la matière jusqu’à ce que l’oeuvre soit parfaite.

 « Mon grand-père a travaillé pour Rodin, pour Carpeaux et bien d’autres. Mon père a commencé en 1962 avec César. Pour ma part j’ai fait des études d’ingénieur. Mais j’avais débuté sur le pantographe à l’âge de 10 ans. Une fois mon diplôme en poche, j’ai fait mon choix, celui d’avoir une carrière plus difficile. » A 42 ans, Olivier Haligon démonte précieusement son pantographe… et prend un aller-simple pour Miami. « Il y avait beaucoup trop de taxes en France pour les artisans d’art. C’était 110% du salaire des employés, ce n’était plus possible. Et puis je travaillais déjà beaucoup avec les Etats-Unis. J’ai été un peu tenté par la Californie, mais le potentiel créatif de la Floride était très important. Et à l’époque il n’y avait pas Art Basel ! ». Depuis, Basel et ses satellites ont dopé le marché de l’art dans la Magic City. A son arrivée, Olivier Haligon jettera son dévolu sur Little Haïti pour créer un atelier assez grand afin d’accueillir les géants qui sortent de ses mains. Il ne bougera plus du quartier où d’autres artisans d’art l’ont depuis lors rejoint, à quelques encablures de Wynwood. Il a agrandit pour César, Armand, Miro, Dubuffet, Niki de Saint Phalle, Diego Giacometti. « Aujourd’hui, une grande partie de mes artistes sont d’Amérique Centrale, ou d’Amérique du sud : colombiens, vénézuliens, brésiliens, cubains. Beaucoup préfèrent que leurs pièces soient directement créées aux Etats-Unis ». Et c’est donc Olivier qui les produit, ou bien fabrique des moules en silicone pour les reproductions. Il travaille la fibre de verre, ou la résine polyester, et ses employés prennent le relais, gommant les dernières imperfections ou passant des couleurs. Son artiste préféré du moment ? Carlito Dalceggio. D’ailleurs c’est Olivier qui lui a fait son Pinocchio qu’on peut voir assis sur le toit de la Ricart Gallery, à Wynwood.

Olivier Haligon
Olivier Haligon sur son pantographe : une résistance sert à fondre la matière et à donner vie à une copie de sculpture plus petite ou démesurément plus grande.

L’agrandissement n’est donc pas nouveau dans le métier artistique, et même l’original du Penseur de Rodin ne faisait au départ que 73 centimètres de haut, avant qu’un artisan comme Olivier lui donne l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui. Mais le métier est-il comme d’autres menacé par la technologie et l’arrivée récente des imprimantes 3D ? « Les deux se complètent, car l’impression 3D reste très onéreuse, surtout quand ce sont des grandes pièces qu’il faut produire. Il n’est pas très intéressant d’inverstir dans ces machines qui deviennent vite obsolètes, mais c’est vrai que parfois nous y faisons appel, pour des petits modèles. » Voilà, pas de menace, donc, sur le pantographe. A tel point qu’Olivier a déjà passé le flambeau à la génération suivante, Caroline Haligon. « J’ai fait des études de droit et fiscalité du marché de l’art…. mais depuis l’âge de 15 ans je me suis rendue compte que nous avions une tradition familiale unique… et puis je venais travailler pendant l’été avec mon père à Miami… Il y a 5 ans j’ai décidé de m’installer ici. J’ai appris toutes les techniques : j’étire la résine, je pistole la peinture, je coupe le métal… plutôt des trucs que les filles ne font généralement pas. Mais je ne fais pas de soudure ! » En tout cas elle est sur la bonne voie, celle de son père qui a été fait chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par l’ambassadeur de France aux Etats-Unis.

Alors, quand vous verrez des grandes sculptures dans Miami… quelle que soit la signature apposée sur leur base, vous saurez maintenant qu’il y a de grandes chances qu’elles aient grandi entre les mains d’Olivier et de Caroline Haligon !

www.haligonfineart.com

6724 NE 4th Ave, Miami, FL 33138 – (305) 495-7197

Caroline a aussi une société de communication pour artistes, www.artcimiami.com


 

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