Québec-Floride : les conséquences de la chute du dollar canadien
Quand le dollar Canadien éternue, c’est la Floride qui s’enrhume ! La baisse du coût des valeurs énergétiques, pétrole en tête, a comme chacun le sait provoqué une hausse du dollar US par rapport aux autres monnaies, avec des conséquences graves sur les pays dont l’économie est fortement liée à la vente de ces ressources naturelles.
Du coup, les touristes vénézuéliens, russes et canadiens se sont fait un peu plus rares cette saison en Floride. Il faut rajouter aussi les Brésiliens, généralement très présents, et dont l’économie s’est effondrée pour d’autres raisons. En tout cas – et si le nombre de touristes en Floride a encore augmenté pour la 5ème année consécutive – il y aura eu -1,5% de Canadiens présents sur l’année 2015. Plus grave, le dernier trimestre 2015 voit la baisse atteindre les 5,5% de Snowbirds en moins sur l’ensemble de la Floride. Le Collier County (Naples) annonce par exemple une baisse de 7% des touristes Canadiens. Daniel Veilleux, président de la Desjardins Bank, indique pour sa part qu’entre janvier 2015 et janvier 2016, une baisse de 8% des transactions a été enregistrée pour le seul siège social de la banque (très fréquentée par les Québécois) à Hallandale. La baisse est donc bien réelle, mais il faut toutefois relativiser le « drame » : on ne peut plus dire qu’il y a « 4 millions de touristes Canadiens », mais « seulement » 3,956.000 ! « Ceux qui avaient déjà réservé leurs vacances en Floride sont venus, et c’est sur la prochaine saison que nous allons avoir l’impact« , assure Daniel Veilleux, « mais, là où les prévisions sont difficiles à faire, c’est que tout dépend en fait… de la météo. Il n’a pas beaucoup neigé cette année au Québec, et si à l’inverse il fait froid en octobre ou novembre, l’effet du taux de change pourrait ainsi être compensé. Nous devons donc attendre la fin de l’année pour vraiment tirer des bilans. » Et puis, il y a eu tellement d’augmentation de Snowbirds depuis 5 ans, que la baisse de cette année, même si elle est sensible, ne devrait néanmoins pas changer la donne : il restera toujours près d’un million de canadiens-francophones en Floride. Le nombre croissant de retraités au Canada, prompts à rechercher le soleil de la Floride, ne changera pas non plus.
L’autre point positif, ce sont les prévisions sur le taux de change. Même si l’incertitude demeure (car elle n’est pas liée qu’au cours du brut, mais aussi à la santé économique canadienne et aux taux de la Réserve Fédérale américaine), tant la Desjardins que la Banque Nationale sont plutôt optimistes pour une remontée du Huard en 2016 face à la monnaie américaine.
En tout cas, cette baisse de certains tourismes en Floride a fait couler de l’encre ! Généralement la presse locale américaine ne s’intéresse pas du tout à ceux qui, année après année, viennent l’enrichir. Il est bien rare de voir dans le Miami Herald ou le Sun Sentinel des articles sur les Canadiens, les Français ou les Russes qui passent leurs vacances ici et ont contribué à la reprise économique. Mais – « à quelque chose malheur est bon » – cette fois-ci tous les médias en ont parlé : « Ils sont où nos Canadiens ?! » Ils ne sont pas loin, ne vous inquiétez pas ! Comme le dit Vanessa Racicot (directrice de la chambre de commerce Québec-Floride) : « c’est quand on perd quelque chose qu’on se rend compte de sa valeur « !
LES INVESTISSEMENTS RALENTISSENT
Du côté de l’immobilier, il y a eu aussi une baisse sensible des achats et une augmentation des ventes, sans que cela soit non plus une « catastrophe ». Le « boum » lié à la crise de 2007 et aux foreclosures devait de toute façon se terminer ; il ne fallait pas croire que tout le Canada allait acheter toute la Floride ! Pour les Canadiens qui auraient des problèmes de finances, Daniel Veilleux rappelle « qu’il est possible de faire des marges de crédit, des refinancements des biens. Avec une hypothèque, la banque peut prêter des dollars américains, et il sera possible ensuite aux propriétaires de rembourser quand le taux de change sera plus favorable« .
LES ENTREPRISES QUEBECOISES DANS LES STARTING-BLOCKS
Ceux qui profitent de la baisse du dollar américain, ce sont les entreprises canadiennes qui exportent ici aux Etats-Unis, et les entreprises francophones de Floride qui importent depuis le Canada a moindre coût. « Oui, nous avons une augmentation des entreprises québécoises qui s’intéressent aux Etats-Unis en général, et à la Floride en particulier« , expose Vanessa Racicot. « Il s’agit pour le moment d’une augmentation de l’intérêt, seulement, car par exemple dans le secteur des exportations, ils sont prudents quant aux futures variations du taux de change. Nous leurs conseillons aussi de l’être. Néanmoins nous avons beaucoup plus d’appels qu’avant d’entreprises intéressées par la Floride, ça c’est certain. Là où la tendance est vraiment d’ores et déjà enclenchée, c’est pour le secteur des services. Les Américains peuvent désormais s’offrir ceux des architectes, graphistes ou entreprises de communication québécoises, par exemple, ou bien pour tout ce qui relève du secteur de l’expertise, et ce pour beaucoup moins cher. Eux n’ont pas eu besoin d’être patients pour commencer à faire des affaires !«
Chiffres officiels du tourisme : www.visitflorida.org/resources/research/
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