Ron DeSantis est candidat à la Primaire Républicaine : notre analyse de son duel avec Donald Trump
Ron DeSantis a rempli les documents de candidature à la commission fédérale des élections américaines : le gouverneur de Floride est bien candidat à la primaire, quelques heures avant sa déclaration officielle qui doit se dérouler ce 24 mai à 18h sur Twitter Spaces avec le patron du réseau social, Elon Musk.
Elon Musk, ex-démocrate, a déjà dit le bien qu’il pensait de DeSantis, mais il a assuré rester neutre lors de cette conversation.
– Pour écouter l’annonce de la candidature, connectez-vous au compte Twitter d’Elon Musk (cliquez)
Vingt-cinq minutes après le début annoncé de la transmission (18h25), les serveurs de Twitter on totalement craqué, il n’a pas été possible de comprendre quoi que ce soit. Un demi-million de personnes étaient connectées. Le lancement est absolument catastrophique.
Première observation, le slogan « Our Great American Come Back » (voir la vidéo ci-dessous) va être moqué comme très peu créatif et copie du « MAGA » (Make America Great Again) de Donald Trump.
— Elon Musk (@elonmusk) May 24, 2023
Analyse de la candidature de DeSantis
Il s’agit de l’analyse du journal Le Courrier des Amériques, que vous pouvez bien entendu critiquer en commentaire sur les réseaux sociaux ou par courriel à contact@courrierdesameriques.com
Cette analyse est basée sur les observations stratégiques, pas sur les polémiques (et procès) en cours.
Il était obligé d’y aller. La fenêtre de tir pour Ron DeSantis était beaucoup trop belle, et l’occasion ne se serait peut-être pas représentée. Porté par son écrasante réélection au poste de gouverneur de Floride en novembre, et la reconnaissance nationale que ça lui a donné, DeSantis n’avait d’autre choix que de profiter de cette primaire afin de se donner un futur. En effet, il est particulièrement difficile aux Etats-Unis d’acquérir une popularité à l’échelle du pays, et c’est ce que DeSantis va pouvoir réaliser avec les débats qui l’opposeront à Donald Trump et aux autres candidats. En cas de défaite, DeSantis aura préparé l’avenir car il n’est pas possible d’être gouverneur de Floride plus de deux mandats, et il devra ainsi quitter son poste en janvier 2027. S’il perd la présente Primaire de 2024, il pourra alors se présenter à la suivante, celle de 2028, avec une popularité réelle.
https://www.facebook.com/RonDeSantis/videos/198581996421104/
Marco Rubio et Ted Cruz ayant sèchement perdu la Primaire républicaine de 2016 face à Trump, ils ne se représentent apparemment pas cette fois-ci. Mais ils ont désormais un concurrent sérieux pour 2028 et « l’après-Trump ».
Si DeSantis est cette fois « obligé » d’y aller, néanmoins on ne peut pas dire que ce soit pour faire de la « figuration ». Il est entre 25% et 30% des intentions de vote en cas de Primaire avec Trump, Pence et Halay. Car, de toute façon, il y aura plusieurs candidats : le sénateur Tim Scott vient par exemple de se déclarer il y a quelques jours. Ces intentions de vote en font un challenger très sérieux pour Trump même si l’ancien président semble irrattrapable, donné entre 45% et (récemment) 58% d’intentions de vote. Trump sort ainsi renforcé des différents procès qui lui sont actuellement faits.
Dès le début de ce duel, il faudra que DeSantis puisse être directement compétitif avec les foules importantes que Trump a l’habitude de rassembler un peu partout dans le pays.
DeSantis peut donc encore, théoriquement, gagner la Primaire, mais il est très difficile de l’envisager pour le moment : les lignes politiques ne bougent généralement pas très vite aux Etats-Unis. Un second duel Biden-Trump semble ainsi l’hypothèse la plus probable pour la Présidentielle américaine. Mais, bien entendu, en 18 mois tout peut arriver !
Un positionnement très à droite
Ceux qui trouvaient que Trump était trop « extrême » vont être furieux : DeSantis est sur une voie beaucoup plus à droite ! D’ailleurs, auparavant, les Républicains qui n’appréciaient pas Donald Trump et se tournaient vers DeSantis étaient assez centristes, mais là… depuis un an le gouverneur de Floride a donné des signes à l’électorat conservateur en abaissant (en Floride) l’âge de l’avortement, en combattant tous les signes d’enseignement « woke » ou LGBT à l’école, en facilitant la peine de mort (plus besoin de l’unanimité du jury), en légalisant le port d’arme sans permis, en prenant des mesures contre l’immigration etc… Autant de thématiques le rendant sympathique auprès de la base conservatrice du parti, partout aux USA. Trump est ici un peu concurrençable, car il ne cherche pas pour sa part à paraître radical sur tous les sujets, mais au contraire à conserver la large majorité (six points environ) qu’il a sur Joe Biden dans les sondages.
Alors, est-ce que DeSantis tente de concilier son premier cercle (une bourgeoisie centriste) avec un électorat plus populaire/radical afin de se cumuler divers électorats ?
Quoi qu’il en soit, au Parti Républicain, il ne devrait pas y avoir un gros problème pour se mettre d’accord sur les idées, mais clairement le parti est un peu divisé sur les hommes. Donald Trump n’a jamais été totalement adopté par les élites du « GOP », et nombreux sont ceux qui ont apprécié que DeSantis se lève pour le concurrencer. Mais il ne semble pas, pour le moment, que le gouverneur de Floride puisse toucher si profondément le cœur de l’électorat populaire comme Trump a réussi à le faire. Il est difficile d’avoir une telle stature populiste, césariste !
Rappelons aussi, pour ceux qui ne le savent pas, qu’avec DeSantis et Trump ça fait deux candidats qui résident en Floride ; et que c’est Trump qui avait « fabriqué » Ron DeSantis en le soutenant en 2017 pour la Primaire de l’élection au poste de gouverneur de Floride. Avec un seul Tweet, Trump avait propulsé DeSantis en tête des sondages. En politique, il n’est pas rare que Brutus tue César, mais… il paraît certain que, quel que soit le résultat, entre les deux hommes ça devrait se terminer en accolade. Après la Primaire !
Congressman Ron DeSantis is a brilliant young leader, Yale and then Harvard Law, who would make a GREAT Governor of Florida. He loves our Country and is a true FIGHTER!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 22, 2017
Pour le moment ça ferraille un peu à distance entre les deux, Trump présentant DeSantis comme un traitre, et DeSantis assurant qu’il faut sortir de « la culture de la lose » en référence à la défaite de Trump en 2020 face à Biden, puis à la semi-victoire (ou semi-défaite) des midterms en novembre 2022.
En ce qui concerne la Présidentielle, il convient en effet de rappeler que deux candidats Républicains avaient perdu avant que Trump ne l’emporte en 2016 : il est ainsi assez difficile de le faire passer pour un complet « perdant ». Mais, DeSantis a certainement raison d’appuyer là où ça fait mal car, en politique, l’Amérique n’a pas le culte des « losers »…
En tout cas la primaire promet d’être haute en couleur !
Qui est Ron DeSantis
Né à Jacksonville (Floride), ses huit grand-parents étaient tous italiens.
Diplôme en droit de Harvard en 2005, DeSantis s’était engagé dans l’armée l’année précédente et a été conseiller juridique pour la Marine américaine. Il est notamment envoyé en Irak en 2007. Il quitte l’armée en 2010 tout en restant réserviste. Il devient notamment rédacteur dans des journaux conservateurs puis est élu Représentant des Etats-Unis en 2012, et gouverneur de Floride en 2017. Sa politique libertaire durant la pandémie de Covid – à l’opposé de ce qui s’est fait dans le reste du monde occidental – l’a rendu très populaire auprès des habitants puisqu’il a été réélu gouverneur en 2022 avec 59% des voix, et alors que la Floride était jusqu’à cette date un « swing State » (Etat indécis).
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