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« Des Juifs français s’expatrient à nouveau vers Miami », assure le Rabbin Frankforter

Au niveau des statistiques, il est bien certain que la tendance s’est inversée pour les expatriations, aux Etats-Unis comme ailleurs : durant la période de la Covid la présence française à l’étranger a perdu tous les stagiaires, et le renouvellement des cadres en entreprises ne s’est pas non plus opéré. Les douze derniers mois 2022-2023 sont donc logiquement positifs pour l’immigration : au niveau quantitatif tout est rentré dans l’ordre : il n’y a pas eu que Lionel Messi à poser ses valises sous les palmiers !)

Ca fait un moment que nous n’avions pas fait le point avec le rabbin Yisroel Frankforter, arrivé pour sa part aux USA en 1991, et qui anime la communauté loubavitch francophone depuis son centre « JELI » basé à Miami Beach, et est en même temps une personnalité appréciée de toute la communauté française en Sud Floride. Il nous informe ainsi avec sa propre vision sur le sujet. 

LE COURRIER DES AMERIQUES : Comment est-ce que ça s’est passé chez vous dans l’arrivée des nouveaux immigrants ?

RABBIN YISROEL FRANKFORTER : Durant la période de la Covid certes il n’y avait pas eu d’immigration depuis la France ni les pays francophones, mais nous avions eu beaucoup de relocalisations de personnes venant d’autres villes américaines, pas que des Juifs bien entendu, mais chez nous ça a aussi été sensible. Et puis depuis quelques mois c’est reparti à nouveau, des gens arrivent régulièrement depuis la France.

LE C.D.A : Est-ce que les personnes qui quittent la France le font pour des raisons positives ou négatives ? 

Y.F : Les profils sont très différents. Certains le font pour des raisons positives et ils sont mieux préparés que la vague précédente qui pensaient au début du XXe siècle « on va devenir millionnaires rapidement aux Etats-Unis ». Ils viennent ici par avance, étudient mieux ce qu’ils souhaitent faire ici, posent des questions… On a moins aussi le genre de personnes qui viennent pour essayer d’apprendre le business aux Américains !

Et puis d’autres assurent qu’eux – ou leurs enfants – n’ont « pas d’avenir en France » que « ça ne sert à rien de rester ». 

LE C.D.A : Pas d’avenir en tant que Juifs ou au niveau professionnel ?-

Y.F : Il y a une combinaison des deux.

Avec le consul général de France, Raphaël Trapp, au Mémorial de la Shoah de Miami Beach en décembre dernier.
Avec le consul général de France, Raphaël Trapp, au Mémorial de la Shoah de Miami Beach en décembre dernier.

LE C.D.A : Les Juifs français sont-ils plus religieux que dans les années 1970-80 ?

Y.F : Oui ça a beaucoup changé. Les Loubavitchs continuent de s’étendre également. Nous avons dorénavant 6000 centres à travers le monde, et en Floride il y a une forte présence.

LE C.D.A : Pour les gens qui ne connaissent pas, comment définiriez-vous le fait d’être Juif en Floride ? 

Y.F : C’est une grande liberté d’expression et de vivre sa religion. L’infrastructure est importante pour la nourriture casher, les écoles, les synagogues à tous les coins de rues : il y a tout de disponible. Les gens n’en reviennent pas quand ils découvrent la présence juive ici, avec les sapins de Noël qui côtoient les menorahs.

Rabbin Yisroel Frankforter et son épouse Louiza
Rabbin Yisroel Frankforter et son épouse Louiza

LE C.D.A : Et au niveau politique, la vie aux Etats-Unis… ?

– On voit apparaître des problèmes économiques.

LE C.D.A : Ces dernières années, comment s’est développé le JELI, que vous avez créé en 2004 ?

Y.F : Nous avons dorénavant onze personne qui y travaillent. Il n’y a pas énormément de nouveautés, mais surtout nous avons démultiplié nos activités religieuses et ludiques. D’une part il y en a beaucoup plus, mais nous nous sommes aussi étendu au niveau géographique : nous sommes désormais présents plus au nord, comme à Boca Raton par exemple. Pour les femmes par exemple nous avons désormais huit activités hebdomadaires en français ; de la danse, de la peinture… Tous les dimanche nous avons des cours d’hébreu, de religion pour les enfants ; des activités pour les adolescents, des cours, des réunions sociales. D’une part il y a des choses religieuses et puis de l’autre il y a le fait que les Français sont ici loin de leur famille. Ils ont besoin d’aide, de partage, de rencontrer des gens qui ont la même langue et culture.

Au niveau des nouveautés, on a développé les livres religieux juifs en français. Et on prévoit de faire un office en français pour la journée de Yom Kippour !

LE C.D.A : Est-ce que votre dispositif francophone a des équivalents aux Etats-Unis ?

Y.F : Il y a des structures, mais à ma connaissance je crois que la notre est la plus importante !

JELI – The Jewish Educational Leadership Institute : www.jelimiami.com


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