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Vaudou et cimetières hantés : la face sombre de la Nouvelle-Orléans

shapeimage_1Dès votre arrivée à la Nouvelle-Orléans, vous verrez de la publicité pour les « ghost tours » dans les cimetières de la ville, et un peu partout des magasins (parfois des supermarchés !) vendant des produits vaudou.
Au-delà des fantasmes hollywoodiens (la photo ci-dessus du Baron Samedi dans James Bond « Live or Let Die »), vous allez désormais tout savoir de cette religion importée d’Afrique, et qui existe toujours en Louisiane, où elle est pratiquée par certainement plus de 10% de la population, même si les estimations sont très difficiles à réaliser, vu le caractère secret de ce genre de pratiques.

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esotericaNOS DIFFERENTES PAGES :

La Nouvelle-Orléans (généralités et histoire)

Que visiter à la Nouvelle-Orléans

– Le Garden District de La Nouvelle-Orléans

La cuisine de Louisiane

L’épopée de Cavelier de la Salle, le découvreur français de la Louisiane

Le Mardi Gras à la Nouvelle-Orléans

La Musique de la Nouvelle-Orléans

« Pourquoi j’aime La Nouvelle-Orléans », par Jacques Cimetier

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Savannah : une autre « ville vaudou » aux USA

Le Vaudou à Miami et en Floride


MAIS AUSSI :

– Guide complet de Louisiane

– La St Landry Parish (pays cajun)

– Nos articles sur la Nouvelle France

– Guide complet des Etats-Unis

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Presbytere voodoo
Costume de carnaval au musée Le Presbytere, Jackson Square.

Le Vaudou

Le vaudou (qui signifie « les dieux ») est un culte animiste originaire de l’ancien royaume du Dahomey (Afrique de l’Ouest). Il est toujours largement répandu au Bénin et au Togo, comme dans le célébre marché des féticheurs à Lomé. Le vaudou correspond au culte yoruba des Orishas.

À partir du XVIIe s., les esclaves originaires de cette région d’Afrique répandirent le culte vaudou aux Antilles et en Amérique. On le retrouve donc sous différentes formes à Cuba, en Haïti, au Brésil ou encore aux États-Unis, et surtout en Louisiane.

Au sommet du panthéon vaudou figure Mawu, Dieu suprême qui règne sur les autres dieux. Le panthéon vaudou est fait d’une multitude de Lwas, qui sont des esprits, ou dieux inférieurs, pouvant entrer en communication et même collaborer avec les humains.

Pour faciliter les mises en relation avec les esprits, ou bien comme offrandes, sont utilises des « gris-gris » objets sacres de toutes formes.

Les envoûtements et autres aspects sombres du vaudou sont les plus connus, entre autres les petites poupées piquées par des aiguilles.

museumpeinturelaveauLes rituels sont pratiques par des femmes, les voodoo-queens, comme par exemple la fameuse danse, nue, dans un cimetière, avec un serpent, symbole de la vie.

La plus célèbre voodoo-queen de la Nouvelle-Orleans était Marie Leveaux, dont la mémoire est toujours entretenue (voir le tableau ci-contre et plus bas sur cette page).

L’Eglise Catholique, très présente en Louisiane pour des raisons historiques évidentes (présences françaises et espagnoles), n’est généralement pas très partisane de ce genre de cérémonies, mais la frontière entre les cultes semble moins évidentes en Louisiane. D’ailleurs les praticiens vaudous sont persuadés d’être de bons catholiques.

Certaines cérémonies se déroulent dans les bayous (comme pour la Saint-Jean par exemple), mais les cimetières sont parfois agités à la nuit tombée.

A noter qu’aujourd’hui le vaudou est autant pratiqué à Miami qu’en Louisiane… voir cet article

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stlouiscemtombecolorCimetière Saint-Louis n°1

(au nord du Quartier Francais, à gauche d’Armstromg Park)

La tombe de Marie Leveaux se trouve ici. Elle est facile à repérer, c’est celle qui comporte le plus de « XXX » dessinés un peu partout dessus. D’autres tombes sont visiblement utilisées pour des rituels vaudous, eut égard au nombre d’objets fétichistes qui jonchent le cimetière (les praticiens vaudous dessinent trois X et frottent le pied par terre avant d’émettre un voeu).

Les tombes du cimetière Saint-Louis sont toutes des mausolées (de différents styles) construits au-dessus du sol, ce qui est très rare aux USA, mais compréhensible car, rappelons-le, la ville est construite sur des terrains marécageux et la proie des inondations.

Au nord du cimetière : un vieux mur contient plusieurs dizaines de tombes.

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shapeimage_3shapeimage_4Le côté « vieux cimetière aux tombes semi effondrées » inspirent de nombreux peintres et touristes. Mais, si la Louisiane et la Nouvelle-Orléans ont eu à payer – et payent toujours – les dégâts de la tempête Katrina. Il est moins compréhensible de la part des autorités françaises de laisser les tombes de Saint-Louis dans cet état (voir photos). Car la plupart des tombes sont celles de Français, nés en Louisiane française, donc en France.

Saint-Louis est donc un coin de civilisation perdue, l’endroit où reposent les bâtisseurs de cette merveilleuse cite et de la Louisiane française.

Les Français et Québéquois apprécieront cet endroit peut-être un peu plus que les autres.

Un conseil : ne vous rendez pas seul dans ce cimetière ( ou alors tôt le matin), étant un peu isolé, de nombreuses agressions s’y sont produites par le passé. Les visites guidées vous révéleront tous les petits secrets de l’endroit, mais en moins risqué).

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Guides :

– Le musée du Vaudou propose des visites guidées de Saint-Louis N°1 :

http://voodoomuseum.com/tours.htm

– Visites officielles à partir du Basin Street Station Visitors Center (au premier étage), ou un guide vous escortera jusqu’au cimetière. 504-525-3377. Le cimetière est fermé le dimanche à partir de midi. www.cemeterytourneworleans.com/

– Il y a trop de Ghosts, spirits et cemetery tours pourqu’on choisisse à votre place : demandez à Google !

New Orleans Spirit Tours propose un Cemetery & Voodoo Tour

http://www.neworleanstours.net/ghost-vampire-tours.html

http://www.neworleanstours.net/ghost-vampire-tours.html

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shapeimage_6Fantômes et vampires :

Il est assez difficile de trouver une ville américaine sans maisons hantées et apparitions diverses. Ceci dit, New-Orleans, comme Savannah, en font une spécialité.

Le Voodooo Museum comme  New-Orleans Spirit organisent donc également des visites sur ces thèmes :

http://voodoomuseum.com/tours.htm

http://www.neworleanstours.net/ghost-vampire-tours.html

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museumpeinturenaiveLe Musée du Vaudoo

Un petit musée très intéressant où on peut tout apprendre sur l’histoire et les pratiques du vaudoo, tout en observant les collections de gris-gris et d’objets ayant appartenu à Marie Leveaux et d’autres voodoo-queens. Ce musée a été lancé dans les années 1970 par les frères Gandolfo, une famille originaire d’Haïti émigrée en Louisiane (Jerry Gandolfo sur la photo). Le musée contient également une boutique (cds, souvenirs, grisgris, poupées…)

724 Dumaine Street (quartier Français) – 504-680-0128

http://voodoomuseum.com

Jerry Gandolfo
Jerry Gandolfo

Ici également : un French Quarter & Voodoo tour :

http://www.neworleansvoodoocrossroads.com/privatetours.html

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halloweencimetiereHalloween :

Le dernier soir d’octobre est donc un événement à la Nouvelle-Orléans, plus encore qu’ailleurs aux USA. Les maisons sont décorées un mois à l’avance pour cet événement.

Cinéma :

– James Bond – To live and let die. Une épopée hilarante de 007 (Roger Moore) en Louisiane et dans les caraïbes, traquant un groupe de trafiquants vaudous, dont le terrible Baron Samedi.

liveandletdie– Minuit dans le jardin du bien et du mal, de Clint Eastwood, un film extraordinaire racontant une histoire vraie s’étant déroulée à Savannah (Géorgie) voir aussi notre page consacrée a cette ville.

– White Zombie, 1931, de Victor Halperin, avec Bela Lugosi — le tout premier film consacré aux zombies.

– Vaudou, 1943, de Jacques Tourneur — le classique du genre.

-The Divine Horsemen The Divine Horsemen (The Living Gods Of Haiti), 1953, de Maya Deren.

-Angel Heart, Angel Heart, de Alan Parker, avec Mickey Rourke, Robert De Niro et Lisa Bonet — situé à la Nouvelle-Orléans, où les pratiques du vaudou se sont effectivement exportées.

-L’Emprise des ténèbres, L’emprise des ténèbres, de Wes Craven, 1987.

-La Porte des Secrets Miss Shumway jette un sort, de Claire Deploe d’après le roman de James Hadley Chase

squelettemardigrasMusique :

– Bon nombre de chanteurs cajuns ont célébré le vaudou par la musique.

– Le guitariste Jimi Hendrix prétendait être un enfant vaudou dans sa chanson Voodoo Chile, il se faisait aussi appeler Voodoo Child ;

– La chanteuse béninoise Angélique Kidjo rend hommage aux esprits dans sa chanson « Yemanja » (album Ayé, reprise dans Black Ivory Soul).

– Ruth Brown : Voodoo mama

Livres :

-Maryse Condé, MoiM Tituba sorcière noire de Salem, Moi, Tituba, sorcière noire de Salem – Gallimard, 1982, raconte l’histoire d’une esclave noire des Antilles initiée à la magie, revendue et emmenée à Salem lors de la chasse aux sorcières.

Tim Powers, Sur des mers plus ignorées, Sur des mers plus ignorées, 1987.

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tableaulavaucabildoSNAKES AND WOMEN

Voici une partie de l’étude du Dr. Ibrahima SECK sur Snakes and Women : Vaudou et Genre à New Orleans au 19e siècle.

Et qui parle beaucoup de Marie Lavaux.

Be careful what you do

or Mumbo Jumbo, God of the Congo

And all the other gods of the Congo

Mumbo Jumbo will hoo-doo you

Mumbo Jumbo will hoo-doo you

Mumbo Jumbo will hoo-doo you.

(chanson collectée à New Orleans)

          

A New Orleans, Papa Legba, que les Noirs appelaient aussi Papa Limba, du nom de la divinité de la génération en Angola, était identifié à Saint-Pierre et pas du tout au Diable. C’est ce qui ressort de l’interview de Joséphine Green, une octogénaire interrogée dans les années 194O par Robert Tallant. Elle se rappelait encore de l’histoire de Marie Leveau, la grande prêtresse du vaudou de la Nouvelle Orléans, telle que racontée par sa mère:

          « Ma maman l’a vue, disait Joséphine –  c’était avant la guerre civile. Elle entendit du bruit sur la rue Frenchmen où elle habitait et sortit. Son papa lui dit, « où vas-tu ? Reste dans la maison ! », elle répondit, « Marie Leveau arrive et je dois la voir ». Elle vit Marie Leveau arriver avec une grande foule qui la suivait. Ma mère disait qu’elle se pavanait comme si la cité lui appartenait, elle était grande, avait bonne mine avec ses cheveux retombant sur son dos. Elle ressemblait à une Indienne ou à une de ces Bohémiennes. Elle portait de grandes jupes et beaucoup de bijoux. La foule qui l’accompagnait criait « nous allons voir Papa Limba ! Nous allons voir Papa Limba ! ». Mon grand-père courut après ma mère en lui disant, « viens-là, Eunice, Ne sais-tu pas que Papa Limba est le diable ? ». Mais après, ma mère apprit que Papa Limba signifiait Saint-Pierre et que son père voulait tout simplement la tromper ».

marielaveauappartment2. La place des femmes dans le vaudou louisianais.

    L’été 1881 fut sans doute le plus chaud que la Nouvelle Orleans ait connu depuis un demi-siècle selon le New Orleans Times du jeudi 23 Juin 1881 qui annonçait  la mort de six personnes et d’animaux par insolation. Ce journal évoquait aussi la tenue, dans la soirée de ce jour caniculaire, d’une cérémonie en l’honneur de Marie Leveau, Reine du vaudou, décédée une semaine plus tôt. La cérémonie devait se tenir sur les bords du bayou Saint-Jean, loin du « monde individualiste et du regard inquisiteur des reporters » nous apprend le même journal. Des reporters dont l’éradication était recommandée par le New Orleans Republican, afin que disparaissent des colonnes des journaux partisans, les exagérations et les fausses nouvelles qui avaient suscité des commentaires désagréables de la part de leurs confrères du Nord au sujet du « Voudouism » à la Nouvelle Orléans. L’article du New Orleans Times commence par un bref historique du vaudou et de la célébration de la Saint-Jean par ses adeptes à la Nouvelle Orleans. Il apparaît que depuis les premiers temps de l’histoire coloniale de la Louisiane, « une large classe de nègres ignorants qui s’appelaient Voudous » avait pris l’habitude de s’assembler la nuit de la Saint-Jean en un endroit désert, dans les marécages, afin de s’adonner à « d’étranges rituels fétichistes ».

Baron Samedi au musée du Vaudou
Baron Samedi au musée du Vaudou

Le compromis des Africains autour de ce culte était évident à la Nouvelle Orléans au 19e siècle. Le même processus avait eu lieu à Haïti mais beaucoup plus tôt. Dans ce pays, on constate à travers les incantations des « houngan » et des « mambo », prêtres et prêtresses du vaudou, une reconnaissance de toutes les nations qui avaient contribué à la reconstitution du vaudou. C’est le cas, par exemple, de la litanie dite « prière Djor » :

          Rhélez toutes toutou l’Afrique Guinin (…)

          Rhélez toute nachon Ibo (…)

          Rhélez toute nachon An-Mine (…)

          Rhélez toute nachon Mandingue (…)

          Rhelez toute nachon Sinigal (…)

          Rhélez toute nachon Congo (…)

          Rhélez toute nachon Nago (…)

          Rhélez toute nachon Dan-homeh (…).

stlouiscemcvbEn ce qui concerne la Louisiane, le compromis autour du vaudou se lit au moins à travers l’origine des principaux personnages qui gravitaient autour de ce culte. L’un d’eux s’appelait Jean Montanet, d’origine sénégambienne. Son nom africain est inconnu mais il avait plusieurs autres noms qui révèlent ses dons de tradipraticien. Certains l’appelaient Jean la Ficelle ou Jean Latanier, d’autres l’appelaient Jean Racine ou Jean Gris-gris. A ses détracteurs il devait sûrement les noms jean Macaque ou Devil John. Il habitait une maison située sur bayou Road, chemin qui reliait la Nouvelle Orléans au Bayou Saint-Jean. C’est la raison pour laquelle certains l’appelaient Jean Bayou ou Bayou John. On retrouve ses traces dans les journaux de l’époque et l’article le plus précieux pour la connaissance de ce personnage est sans doute celui que Lafcadio Hearn lui avait consacré après sa mort intervenue pendant l’été 1885.  Selon Hearn « He was from Senegal, and(…) possessed physical charateristics answering to those by which the French ethnologists in Senegal distinguish the Bambara. ». Jean Bayou avait été vendu très jeune comme esclave et transporté à Cuba dans un navire espagnol. Affranchi, il s’engagea sur un navire espagnol comme cuisinier. Sa carrière de marin prit fin à la Nouvelle Orléans où il avait trouvé un emploi de docker. Son employeur ayant remarqué l’influence qu’il avait sur les autres Nègres, avait fait de lui un contrôleur et chef d’équipe. Au sommet de sa carrière de tradipraticien, Jean Bayou vivait comme un roi africain. Il avait une quinzaine de femmes, un harem digne de Boubakar Ségou selon Hearn. Un certain Nathan Barnes, interviewé par Robert Tallant en 1944, nous apprend que Bayou John était l’un des maîtres de Marie Leveau, la grande prêtresse du vaudou, à laquelle il avait enseignée une bonne partie de ses connaissances.

3gnomesSelon Robert Tallant, les femmes auraient toujours constitué 8O% des adeptes du vaudou en Louisiane. Le culte semble aussi avoir été marqué par le matriarcat depuis ses origines dans ce pays. La Reine du vaudou aurait toujours occupé la première place dans la hiérarchie du culte, contrairement au Roi qui aurait toujours été une figure mineure. Ce dernier n’avait généralement aucune fonction sacerdotale si ce n’est d’être le mari ou l’amant de la Reine. Celle-ci n’était jamais une esclave mais une femme de couleur libre qui n’avait de ce fait à craindre ni couvre-feu ni aucune des lois appliquées aux esclaves. Les plus célèbres parmi les Reines du vaudou étaient sans aucun doute Marie Leveau I et Marie Leveau II, la mère et la fille. Jusque là nous n’avons évoqué que la mère, une mulâtresse née à la Nouvelle Orléans vers 1796. La chanson suivante donne une idée de l’ampleur du mythe qui entourait et entoure encore ce personnage.

Elle évoque notamment comment Marie Leveau, encore toute petite, faisait l’école buissonnière pour retrouver un vieux crocodile sur le bayou Saint-Jean pour apprendre le vaudou :

          Eh, yé yé Mamzelle

          Ya yé yé li konin tou gris-gris

          Li té kouri lékol avec vié kikordi

          Oh ouai yé Mamzelle Marie

          Li konin bien le Grand Zombi

          Kan sôlei té kashé

          Li té sorti Bayou

          Pou apprende le vaudou….

baron samedi

vitrinezombiesMarie Leveau I serait devenue Reine du vaudou vers 183O. Chaque année, pendant la nuit de la Saint-Jean (24 juin), la communauté noire se retrouvait sur les bords du lac Pontchartrain, à l’endroit où celui-ci reçoit les eaux du bayou Saint-Jean, pour une célébration solennelle. Avec Marie Leveau, cette célébration avait gagné en popularité mais elle n’avait rien à voir avec le vaudou, de même que les danses dominicales sur la place du Congo (Congo Square), l’unique endroit où, selon la loi, les esclaves pouvaient se rassembler pour danser. Marie Leveau I offrait aussi un bel exemple du syncrétisme entre le vaudou et le christianisme. En fervente catholique et au nom de la charité chrétienne, on la voyait soigner des malades lors des fréquentes épidémies de fièvre jaune. Elle assistait aussi les prisonniers, particulièrement les condamnés à mort, auxquels elle apportait quelque réconfort. Dans sa livraison du 14 mai 1871, le New Orleans Republican consacrait un long article sur l’exécution des nommés Bayonna et Abriel, condamnés pour le meurtre d’un navigateur milanais nommé Ambroise. Parmi ceux qui avaient assisté les détenus, figurait une certaine Marie Laveaux appartenant à la chapelle jouxtant la prison paroissiale.  Le Républicain, la considérait comme une « good Christian woman, who has been erroneously described by a portion of the press as a Voudou priestess ». Marie Leveau était bien une prêtresse du vaudou comme nous le verrons dans les prochaines lignes. Elle avait tout simplement hérité de ses ancêtres africains l’ouverture religieuse qu’on leur connaît. Aujourd’hui encore, en Afrique noire, la grande majorité de la population s’accroche à ses croyances traditionnelles tout en se considérant comme de bons chrétiens ou de bons musulmans. A Ouidah, le Temple des serpents et la cathédrale sont construits sur le même site. Quand Marie Leveau rendit l’âme le 15 Juin 1881, la majorité de la presse lui avait rendu un vibrant hommage, certains la qualifiant « d’ange miséricordieux ». Pour d’autres, elle n’était que « l’effroyable servante de Lucifer ».

Le Baron Samedi dans : James Bond - Live and let die
Le Baron Samedi dans : James Bond – Live and let die

shapeimage_7Avec Zora Neale Hurston, nous disposons de quelques informations ponctuelles très intéressantes sur le vaudou louisianais. Lors de son passage à la Nouvelle Orléans à la fin des années 192O ou au début des années 193O, elle aurait été initiée au culte par six prêtres différents. Le dernier d’entre eux était un certain Luke Turner qui, selon ses propres dires, était le neveu de Marie Leveau II. Selon Luke Tuner, celle-ci était née le 2 février 1827 d’un père blanc nommé Christophe Glapion. Elle était une très belle quarteronne et beaucoup pensaient qu’elle ne deviendrait jamais une prêtresse du vaudou comme sa mère et sa grand-mère avant elle. Elle adorait les salles de danse où elle était toujours le principal centre d’intérêt de la gens masculine. Mais Jim Alexander, le célèbre « two-headed-doctor », sentant le pouvoir qui était en elle, l’avait invitée à venir étudier auprès de lui. Mais Marie préférait danser et faire l’amour jusqu’au jour où un serpent à sonnettes se présenta dans sa chambre et lui parla. Ainsi, elle se mit à l’école d’Alexander mais très tôt l’élève pouvait enseigner son maître et le serpent ne la quittait jamais. Jim Alexander, alias Indian Jim, était un « grif » (un métis de Noir et d’Amérindien) venu du Mississippi. Dans sa maison, rue d’Orléans, il entretenait deux alligators dans une mare.

carnaval

cvbpicgensSous Marie Leveau II, le vaudou semble avoir atteint son apogée à la Nouvelle Orléans, en tant que force organisée. Les politiciens et les grandes dames de la cité la consultaient régulièrement. Il semble qu’aucun officier de police n’osait perturber les festivités qu’elle organisait sur les bords du lac Pontchartrain ou sur la place du Congo. Il en était de même pour les cérémonies privées qu’elle tenait à la « Maison blanche », sa demeure située sur le bayou Saint-Jean. Ces informations proviennent d’un certain Pop Aboo, un Noir octogénaire, interviewé par Robert Tallant au début des années 194O. Pour lui, « you may not believe it but that woman was the real boss of New Orleans ». Pour Luke Turner, toutes ces cérémonies n’avaient rien à voir avec le vaudou qui était plutôt une affaire strictement privée. Marie Leveau organisait la danse sur Congo Square la nuit du premier vendredi de chaque mois mais « That was pleasure danse (…). The white people come look on, and think they see all, when they only see a danse ».

Sous Marie Leveau II, la célébration de la Saint-Jean sur les bords du lac Pontchartrain avait atteint une notoriété jamais égalée. Cette célébration correspond au début de l’été, moment précis où le soleil donne des avantages spéciaux et mérite d’être honoré, selon Luke Turner. Pour ce dernier, Marie Leveau organisait cette cérémonie, d’une part parce qu’elle était chrétienne, d’autre part qu’elle était une prêtresse du vaudou. Elle disparaissait pendant neuf jours avant la fête.

Quand la foule rassemblée scandait son nom, elle émergeait des eaux du lac, un cierge allumé sur la tête, un dans chaque main, et marchait sur l’eau jusqu’au rivage. La célébration terminée, elle retournait dans le lac et disparaissait pendant neuf jours. Mythe ou réalité ? En tout cas, Marie Leveau II, comme sa mère, nous rappelle une certaine Penda Saar, figure mythique des pêcheurs de la vallée du fleuve Sénégal. Nous reviendrons sur cette dernière dans les prochaines lignes. Nous ignorons la date exacte de la mort de Marie Leveau II. Toutefois, une vielle habitante de la Nouvelle Orléans avait solennellement confié à Robert Tallant que la Reine du vaudou avait vécu jusqu’en 1918. Auparavant, elle avait légué à Turner une peau de serpent que celui-ci portait sur ces épaules chaque fois qu’il voulait accéder au pouvoir occulte.

Le vaudou louisianais était incontestablement dominé par les femmes. Dans Africans in Colonial Louisiana, G.M. Hall a remarqué aussi que « unlike Haïtian Voodoo, Louisiana Voodoo was dominated by women ». Elle tente aussi d’expliquer cette domination féminine à travers des données démographiques. Celles-ci montrent en effet une présence remarquable des femmes Fon et Yoruba dans les plantations de Louisiane.”

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4 commentaires

  1. Bonjour à tous,
    je souhaite partager mes sentiments sur le culte du vaudou. Le vaudou, puissance occulte de l’au-delà qui repousse sans cesse les limites de la mort, suscite à la fois fascination et inquiétude. C’est la raison pour laquelle elle a souvent inspiré le grand écran cinéma hollywoodien. Certains voient ce culte avec mépris, cependant j’ai découvert un livre très sérieux sur les secrets du vaudou sur un site francophone, je crois ça s’appelle Solutions Magiques, pour moi, ce livre a percé les secrets du vaudou ! j’ai compris que la puissance du vaudou est enfin expliquée dans ouvrage accessible au grand public. j’ai réalisé un rituel de ce livre, le résultat est explosif. depuis, j’ai une autre vision de ce monde invisible. J’ai compris que le vaudou est loin du cliché que l’on en fait. C’était un plaisir de partager cette découverte avec vous, j’ai trouvé le site c’est cela : http://www.solutions-magiques.com.

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