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Ça commence à devenir très dur pour certaines catégories d’entreprises françaises aux USA face à la crise du coronavirus

Si on trouve des Français dans un grand nombre de secteurs différents aux Etats-Unis, et que la majorité devrait pouvoir traverser cette crise, ils sont toutefois traditionnellement bien représentés dans les domaines du tourisme, de la restauration et du commerce et certains autres métiers qui n’ont pas été épargnés : les coiffeurs, les spas, les magasins de luxe etc…

Certes, ceux qui ont des salariés à payer ont pu recourir à des subventions gouvernementales, les « PPP« , pour maintenir les emplois. Ceux qui ont des loyers commerciaux auront dû se débrouiller pour les financer. Avec un peu de trésorerie, les conditions de cette crise étaient certes difficiles, avec moins d’aides que dans d’autres pays (notamment la France), mais finalement beaucoup auraient certainement pu survivre jusqu’à début juin et la réouverture de la plus grande partie des structures. Certaines entreprises (plus rares) ont même pu maintenir leur chiffre d’affaire durant le confinement en diversifiant leurs activités. On peut par exemple citer le cas de certains restaurants qui se sont spécialisés avec succès dans les plats à emporter/livrer. Ainsi, on ne peut pas dire que la situation ait été facile, mais la catastrophe a pu être maîtrisée dans un premier temps par le plus grand monde. Le problème c’est qu’aux Etats-Unis à l’heure qu’il est l’épidémie ne s’est toujours pas arrêtée. Sur l’industrie du tourisme, l’impact est évidemment colossal : personne ne prévoit ni voyage, ni croisière, en raison de l’épidémie – cela va de soi – mais aussi parce qu’un grand nombre de personnes n’ont plus cette année le temps ou l’argent pour effectuer un long séjour à l’étranger. Par ailleurs, un grand nombre de régions américaines vivent du tourisme principalement (ou totalement) durant l’été. La crise sanitaire va donc être prolongée par une saison estivale sinistre. Mais même pour ceux qui vivent du tourisme automnal ou hivernal c’est difficile : bien des établissements recevant traditionnellement des réservations six mois (ou plus) à l’avance se retrouvent à cours de trésorerie car beaucoup de clients attendent avant de réserver pour être certains que le coronavirus ait bel et bien déguerpi !

Du côté des restaurants, ils ont rouvert dans les différents Etats avec des règles de sécurité et une réduction du nombre maximal de clients. Mais, malheureusement, le fait que l’épidémie se poursuive fin juin dissuade de toute façon un bon nombre de personnes de sortir de chez eux. Ce qui est dommage : en respectant les consignes de sécurité et en fréquentant des établissements qui les respectent, il n’y a pas spécialement de danger. Mais l’hécatombe a donc commencé : les Américains ont découvert que c’en était terminé de plusieurs de leurs restaurants préférés. Ce n’est pas encore « l’apocalypse culinaire », loin de là, mais des listes, petites pour le moment, d’établissements fermant définitivement leurs portes a débuté dans les médias par quelques noms prestigieux ou sympathiques, dont certains Français (le restaurant « Cocotte » dans le quartier de Soho à New-York). Mais beaucoup de professionnels redoutent que la « vraie » catastrophe arrive en fin d’année. Certes, la reprise va revenir un jour, les gens sortent déjà un peu, et ils vont ressortir « comme avant », mais pour certaines entreprises  (notamment des commerces) ce sera trop tard : entre temps elles n’auront pas pu payer leur loyers. Le gouvernement américain réagira probablement avec de nouveaux dispositifs, mais le soutien et les aides ne sont pas jusqu’à aujourd’hui la plus grande spécialité aux Etats-Unis, ni au niveau fédéral, ni au niveau local. Pour le moment les dispositifs d’aides financières mis en places au printemps semblent de moins en moins proportionnés aux risques encourus par ces entreprises exerçant dans des secteurs vulnérables. Ils évoluent un peu, mais certainement pas assez vite pour sauver tout le monde. Les subventions sont essentiellement liées aux salaires des employés.

Alors, comme dans tous les pays, les entreprises peuvent bien évidemment s’endetter. Mais certaines l’étaient déjà auparavant et, dans tous les cas, la création d’une bulle de dettes est dangereuse (et ce quel que soit le côté de l’Atlantique où on se trouve !). Et puis les loyers commerciaux aux Etats-Unis peuvent être très élevés, et les emprunts à contracter doivent alors l’être en conséquence. Quitte à emprunter, il n’est pas évident que certains chefs d’entreprises souhaitent le faire pour financer leur actuel commerce si son futur est incertain. Sinon l’emprunt contracté serait au bénéfice exclusif du propriétaire de l’immeuble….

Le paysage commercial était en mutation profonde avant le coronavirus

Il faut cumuler ces problèmes avec une profonde restructuration en cours du secteur commercial américain qui, elle, n’est pas nouvelle. Comme chacun le sait, les GAFA (et particulièrement les sites de vente par correspondance) ruinent progressivement les magasins de détail. Ca a un impact particulier sur les malls américains qui étaient – pour un très grand nombre d’entre eux – dans une situation sinistrée AVANT de devoir fermer pour cause de COVID-19. Deux catégories de malls s’en sortaient tout de même bien : ceux créés dans les zones où la démographie explose (comme le sud de la Floride par exemple) et ceux créés au milieu (ou en dessous) de lieux de vies, intégrés à des ensembles urbains mixtes, et comprenant des sites agréables pour sortir. Mais comme ces derniers  (restaurants, cinémas…) sont aussi sinistrés par l’épidémie…

Et on n’insistera pas trop sur la situation tragique des cinémas – eux aussi concurrencés depuis quelques années par un monopole sur internet, celui de la VàD (vidéo à la demande) sur Netflix (1) ; cinémas qui pourraient bien vivre leurs dernières heures, (en tout cas sous leur forme actuelle), un siècle après leur création.

Ces restructurations n’empêcheront pas les gens de sortir, mais pas forcément aux mêmes endroits qu’à la fin du XXème siècle. Des rues de centre-villes ou bien des sites agréables vont désormais avoir de plus en plus la préférence des promeneurs, au détriment des espaces commerciaux purs. La vie va continuer, mais ces changements commerciaux auront été brutaux (1).

La question des loyers va donc se poser pour un grand nombre de commerces. Parfois les « landlords » (propriétaires) sont tolérants face à cette situation unique du coronavirus et la crise économique qu’il entraine. Parfois les landlords n’ont d’autre choix que de forcer le commerçant à les payer… ou à partir. Peut-être, à l’avenir, les contrats devraient-ils comporter plus de souplesse…

Même pour ceux qui s’en sortent, il y aura eu un bon nombre de sueurs (froides et chaudes) ! Dan ces secteurs « vulnérables », bien évidemment, ils sont nombreux à avoir trouvé des solutions de repli, des idées géniales pour transformer leur modèle commercial… etc. Des restaurants par exemple adaptent leur carte, réduisent les choix, créent des changements populaires auprès de leur clientèle. Il y a beaucoup de choses à faire durant ces crises qui créent toujours autant d’opportunités que de problèmes. Mais pour un grand nombre d’entreprises il va tout de même falloir s’accrocher…

Analyse d’Alain Ouelhadj

Alain Ouelhadj
Alain Ouelhadj

Chef d’entreprise et ex-président de la FACC-Miami :

“Malgré les aides de l’état américain, qui n’auront permis que de pouvoir payer salaires, loyers et autres commodités pour les mois d’avril, mai, et peut être juin, beaucoup d’entreprises n’ayant pas retrouvé leurs chiffres d’affaires initiaux, vont se retrouver dès début juillet dans une situation inextricable et devoir prendre des décisions sur leur proche avenir, soit fermer définitivement soit se séparer d’une grande partie de leur personnel et réduire leurs dépenses. Pour moi, la deuxième vague de la pandémie est principalement voir essentiellement économique et va s’étendre pour un long moment. Au-delà des changement de fonctionnement des entreprises, télétravail, livraisons à domicile, etc … on sous-estime l’impact de tous ces changements. A titre d’exemple une entreprise de 1000 salariés qui n’a plus qu’une centaine de salariés physiquement dans ses locaux va consommer beaucoup moins de fournitures de bureaux (stylos, cahiers de notes, papier imprimantes, cartouches encres, …) et par là-même avoir un impact fort sur la réduction de ses commandes auprès de ses fournisseurs habituels, c’est toute la chaine de la valeur qui est touchée et on pourrait donner de multiples exemples comme cela. D’où l’inquiétude de beaucoup de chefs d’entreprises sans compter la morosité ambiante.

Il ne faut vraiment pas hésiter à discuter des solutions possibles avec les CPA, banquiers, chambres de commerce etc… 

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De la flexibilité ajoutée aux PPP début juin


– 1 – Et au profit de sites internet en situation de « monopole » ou de « quasi-monopole ». Quand des dizaines de milliers de magasins sont remplacés par trois sites internet de VPC, comment qualifier autrement cette situation ? (Situation de monopole qui devrait être déclarée illégale (ceci étant un point de vue de notre rédaction !)

Etats-Unis : la lente agonie des malls commerciaux


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