Pourquoi Joe Biden ne rouvre pas ses frontières aux Canadiens et Européens (éditorial du Courrier des Amériques)
Il faut bien préciser les noms des pays qui ont un « travel ban » de la part des Etats-Unis, car la moitié de la planète peut effectivement venir ici, aux USA.
Rappel chronologique : Dès sa prise de fonction Joe Biden avait rétabli les interdictions frontalières que son prédécesseur, Donald Trump, venait de lever. Durant les quatre mois suivants, ni la Maison-Blanche ni les mass médias américains ne mentionnaient plus les frontières fermées, comme s’il n’y avait pas de problème à ce qu’elles le soient. Depuis début juin, la Maison-Blanche a indiqué à plusieurs reprises qu’elle allait rouvrir les frontières. Une commission a été mise sur pied pour étudier ces réouvertures. Alors que début août les Américains avaient retrouvé le droit d’aller au Canada, on apprenait à peu près au même moment que les frontières américaines allaient rouvrir « pour les vaccinés ». Les agences de presse obtenaient ainsi parfois des confessions rapides de la Maison-Blanche sur le sujet. Et puis plus rien pendant 20 jours. Le 29 août 2021, il est impossible de savoir où en est la Maison-Blanche sur le sujet.
Alors, c’est certain, comme l’avait évoqué le Secrétaire d’Etat Blinken en juin, le gouvernement américain souhaite faire « attention au nouveau variant ». Et il semble évident que Biden aurait rouvert les frontières aux Canadiens et Européens (qui eux les ont ouvertes) s’il n’y avait pas eu l’apparition de ce « nouveau variant ».
UNE FERMETURE IRRATIONNELLE
Nous l’avons déjà évoqué longuement (par exemple dans nos éditoriaux): les fermetures de frontières n’ont aucune utilité pour stopper ou ralentir ni les virus, ni leurs variants. Bien au contraire puisque, quand elles sont ouvertes, les frontières permettent de détecter (grâce aux tests) les personnes qui ont la maladie (et qui, autrement, n’auraient pas été détectées). Ces dispositifs de dépistage sont désormais utilisés avec succès aux frontières de la plupart des pays du monde.
Rappelons aussi que les frontières américaines sont juste « semi-fermées » aux personnes (et aux virus) : la moitié de la planète peut venir (y compris de pays du tiers-monde qui n’ont aucun contrôle du virus), les professionnels ou immigrés peuvent aller et venir y compris des pays qui ont un travel ban ; et, pour le cas des touristes Canadiens, ils n’ont jamais été empêché de venir aux USA en avion… mais ils n’ont pas le droit de s’y rendre en voiture !!!! Des voix se sont élevées contre ces inepties, comme par exemple la revue Foreign Policy qui accuse Joe Biden de trahir son engagement d’avoir une politique basée sur les réalités scientifiques (1). Ou encore ici la revue démocrate The Atlantic.
Un de nos interlocuteurs (un élu) a un avis sur ces comportements erratiques : « Il ne s’agit pas d’une position scientifique, mais politique. Joe Biden a gagné les élections présidentielles notamment en assurant qu’il aurait, une fois élu, une action plus décisive que celle de Trump contre la pandémie de covid-19. Mais si Joe Biden rouvrait les frontières avec le Canada et l’Europe, la politique américaine serait alors exactement la même qu’AVANT la pandémie. Il y aurait certes des ajustements locaux, comme les « pass sanitaires » demandés dans plusieurs grandes villes (New-York, San Francisco, Nouvelle-Orléans…) pour aller dîner au restaurant, ou encore des masques dans certaines écoles, mais ce ne n’est ni une initiative fédérale, ni une politique fédérale. Au Canada ou en France, les gouvernements mettent en place des politiques contre le virus. Ils ont donc pu rouvrir les frontières. Mais aux Etats-Unis… quel autre pouvoir a Biden que de fermer les frontières?« .
Effectivement, à défaut d’autre explication rationnelle, il faut peut-être chercher une position politique. Joe Biden vient d’ailleurs de passer pour la première fois sous la barre des 50% d’opinions favorables. En 2020 Biden était pourtant le premier a qualifier « d’hystérie xénophobe » la fermeture des frontières par Donald Trump.
Rappelons que le travel ban a des conséquences graves sur les familles d’expatriés, sur les entreprises (notamment du domaine du tourisme) et leurs employés. Nous recevons et constatons chaque jour au Courrier des Amériques des marques assez désespérées chez nombre de nos lecteurs.
Les discussions sur le sujet semblent rares avec la Maison-Blanche. Joe Biden s’est entretenu début juin avec Boris Johnson sur la fermeture des frontières. En juillet la chancelière allemande Angela Merkel a signifié son désaccord à Joe Biden. A noter aussi que le sénateur français Damien Regnard a tenu des réunions à Paris et Washington en juillet pour plaider la cause de la réouverture. Les Canadiens semblent aussi assez stupéfaits qu’il n’y ait pas de réciprocité.
Gwendal Gauthier
https://www.facebook.com/senateurregnard/posts/2084203901719287
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